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Confessions d'une enfant du siècle: Nina Bouraoui ou la «bâtarde» dans Garçon manqué et La Vie heureuse Martine Fernamtes C'est beau d'aimer une fille et c'est douloureux, à cause du secret. Nina Bouraoui, La Vie heureuse And you can tell everybody this is your song It's quite simple but now that it's done I hope you don't mind that I put down in words How wonderful life is while you are in the world. Elton John, Your Song La confession est aussi un orgasme. Violette Leduc, La Bâtarde NÉE EN 1967 DE PÈRE ALGÉRIEN et de mère française, Nina Bouraoui est une enfant de la guerre d'Algérie, une «bâtarde» comme elle se désigne elle-même dans son sixième roman Garçon manqué1. Fondé sur une analyse à la fois personnelle et esthétique2, ce roman met la guerre d'Algérie au cœur de sa subjectivité «métisse» et de la représentation de celle-ci3. Premier texte autobiographique, il constitue un tournant dans l'œuvre de l'auteure en ce qu'il révèle, sur le mode de la confession , sa mixité à la fois culturelle et sexuelle. Bouraoui déclare, en effet, dans un entretien: Le «je» est un vrai «je», qui fait référence à soi. Il s'agit de nommer les choses, les gens, le monde qui nous entoure... C'est... la première fois queje parle de moi sans trop mentir... C'est un livre qui a changé radicalement quelque chose dans mon travail. Je sais que je n'écrirai plus jamais comme avant4. L'Algérie, la condition féminine et la violence sont présentes dès le premier roman à succès de l'auteure intitulé La Voyeuse interdite, pour lequel celle-ci a obtenu le prix Inter en 19915. La violence sera omniprésente dans les romans suivants aussi bien au niveau du contenu que de la forme6. Pourtant, si Garçon manqué se présente comme une dénonciation des violences personnelles liées au métissage franco-algérien, il permet surtout à Bouraoui de révéler son lesbianisme , qui est au cœur du roman suivant La Vie heureuse et plus récemment de Poupée Bella1. Vol. XLV, No. 1 67 L'Esprit Créateur Garçon manqué est une autobiographie selon la définition de Philippe Lejeune dans Le Pacte autobiographique: «Pour qu'il y ait autobiographie ... il faut qu'il y ait identité de l'auteur, du narrateur et du personnage»8. Dans La Vie heureuse, bien que la voix narrative soit encore à la première personne, la narratrice ne se nomme plus Nina mais Marie. La focalisation interne et la première personne dans La Vie heureuse contribuent cependant à brouiller les genres. Alors que Garçon manqué aborde l'enfance de l'auteure et est divisé en deux parties (Γ Algérie/la France) qui rendent compte de sa dualité, La Vie heureuse aborde l'adolescence et se passe en Bretagne mais aussi en Suisse où la narratrice vit sa première histoire d'amour lesbienne. Ui Vie heureuse s'inscrit donc dans la continuité de Garçon manqué au niveau du contenu mais aussi de la forme. Il privilégie les phrases courtes, témoignant de la part de l'auteure d'une volonté «d'épurer le style, de faire simple»9. Par leur simplicit é, ces deux romans s'opposent ainsi aux romans antérieurs où l'écrivaine s'attachait moins à la matière vivante qu'à la recherche stylistique. Bouraoui brouille cependant les genres romanesques en ne distinguant pas ses textes: «Quand j'écris j'ai à nouveau 7 ans [Garçon manqué], 12 ans [La Voyeuse interdite], 16 ans [La Vie heureuse] ou 20 ans [Poupée Bella]»]0. Elle semble pourtant plus libre d'aborder le lesbianisme dans le roman autobiographique que dans l'autobiographie. Comme le note Philippe Lejeune dans Le Pacte autobiographique, le roman autobiographique peut être plus proche de la 'vérité' biographique que l'autobiographie. Il est significatif que le lesbianisme n'apparaisse qu'au deuxième plan...

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