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L'Esprit Créateur Gérard de Cortanze. J. M. G. Le Clézio: Le Nomade immobile. Paris: Éditions du Chêne— Hachette, 1999. Pp. 187. 166,25 FF. Gérard de Cortanze est un romancier bien connu, et un essayiste qui a consacré d'intéressantes études au portrait de New York chez Paul Auster, de Madrid chez Jorge Semprun et de Cuba chez Emest Hemingway. Cortanze montre dans cette nouvelle étude que, contrairement à la légende, il est possible d'attacher Le Clézio à certains lieux dans lesquels son écriture s'enracine . Magnifiquement illustré par de nombreuses photographies et documents d'époque, ce livre évoque successivement la ville de Nice, l'île Maurice, la Bretagne, l'Angleterre, le Nigeria, le Mexique et le Maroc qui ont tant marqué l'écrivain. Cortanze montre que Le Clézio n'est pas un voyageur ordinaire mais un "passeur" qui se déplace dans l'espace "comme il se déplacerait en lui-même" (122). Autrement dit, le déplacement leclézien correspond toujours à un "déchiffrement de soi" (133). Mais cette thèse, pourtant si juste, n'est pas développée avec toute la rigueur nécessaire. Au contraire le commentaire progresse au petit bonheur, en s'appuyant sur des remarques thématiques ou stylistiques assez convenues et assez floues, combinées avec de brefs renseignements biographiques et divers fragments d'interviews. Certes le lecteur glane ici et là de précieuses informations: par exemple sur la vie du père de l'écrivain, véritable médecin sans fronti ères avant la date; ou sur l'exil loin de Maurice et la gêne matérielle qui ont tant marqué l'enfance de l'auteur; ou encore sur l'influence capitale des nouvelles de J. D. Salinger sur le jeune romancier des années 60. Cependant les analyses auraient mérité d'être précisées et développées, surtout concernant l'obsession de la disparition chez Le Clézio (156), ou sa vision de l'écriture comme technique de méditation (163), ou sa fascination pour les rituels chamaniques indiens (182). Pour finir il aurait été intéressant de montrer comment Voyage à Rodrigues, texte autobiographique de 1986, vient confirmer la quête initiatique présentée dans Le Chercheur d'or (1985) et plus tard dans La Quarantaine (1995). De même il aurait été intéressant de montrer comment Gens des nuages (1997), journal de voyage dans le Sud marocain, vient confirmer la quête initiatique décrite dans Désert (1980) et dans Poisson d'or (1997). Gens des nuages relate une découverte du mysticisme soufi. A mesure que l'auteur progresse vers le tombeau d'Ahmed el Aroussi, à mesure qu'il avance dans le désert vers le rocher de Tbeïla, véritable mándala couvert de signes sacrés, tout lui semble différent: "la conception du temps, bien sûr, mais aussi la conception que les habitants du désert se font de l'âme humaine, la conception qu'ils ont du but de l'existence" (139). On regrette que Gérard de Cortanze n'ait pas mieux défini les étapes de ce déplacement vers le centre de la psyché dont nous entretient Le Clézio, c'est-à -dire cette initiation au terme de laquelle le passeur découvre soudain que "seul Dieu a la mémoire en avant" (159). Bruno Thibault University of Delaware Sydney Levy. Francis Ponge: De la connaissance en poésie. Vincennes: Presses Universitaires de Vincennes, 1999. 140 pp. 130FF. Francis Ponge: De la connaissance en poésie: voilà un titre dont le paradoxe pourrait surprendre plus d'un moderne. Il étonne encore davantage appliqué à une œuvre qui n'avoue d'autre objet que le mutisme des choses et d'autre langage que la contrepartie "muette" de ce parti-pris. Or c'est précisément le pari de Sydney Levy que d'avoir voulu explorer, au cœur le plus intime de cette poétique, ce qui n'est pas simplement la marque locale d'un intérêt pour la science contemporaine , mais le symptôme d'une préoccupation fondamentale...

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