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  • L’Église et la ville. Le diocèse de Lyon à l’épreuve de l’urbanisation (1954-1975)by Olivier Chatelan
  • Bruno Duriez
Olivier Chatelan. - L’Église et la ville. Le diocèse de Lyon à l’épreuve de l’urbanisation (1954-1975). Paris, L’Harmattan, 2012, 272 pages. Religions en questions.

Comment l’Église catholique a-t-elle fait face à la vague d’urbanisation des années 1950 et 1960 (construction des grands ensembles, des zones à urbaniser en priorité…) et à l’arrivée de migrants venus de la campagne ou de l’étranger ? Après avoir manqué le rendez-vous avec la classe ouvrière, l’Église a-t-elle manqué le rendez-vous avec la ville ? Olivier Chatelan répond à ces questions en s’appuyant sur l’analyse de ce qui se passe dans le diocèse de Lyon ou, plus précisément, dans l’agglomération lyonnaise. [End Page 173]

Dans l’immédiat après-guerre, la question urbaine n’intéresse pas les autorités religieuses. Leurs représentations sont marquées principalement par la vie rurale. Et, en ville, leur souci dominant est d’atteindre la classe ouvrière. À cet effet est créée en 1957 la Mission ouvrière qui a pour objet de coordonner les efforts des mouvements et des paroisses. Mais dans les années 1960, la ville, comme telle, devient un enjeu pour les responsables diocésains. C’est ce que nous fait découvrir l’ouvrage d’Olivier Chatelan, issu d’une thèse d’histoire primée par l’Association française de sciences sociales des religions (AFSR). La recherche s’appuie pour l’essentiel sur le dépouillement systématique et approfondi des riches archives du diocèse de Lyon, auxquelles il est fait très précisément référence.

Dans une première partie, Olivier Chatelan s’attache à montrer le rôle de la sociologie religieuse dans la prise de conscience du fait urbain. À la suite de Gabriel Le Bras et de Fernand Boulard et comme à la même époque dans d’autres diocèses, le diocèse de Lyon lance en 1954 un recensement des pratiquants dominicaux. Le but est de comprendre ce qui fait obstacle à la pratique religieuse. Malgré des réticences dans le clergé et surtout chez certains responsables à l’égard de ce type d’approche, l’idée prévaut que l’action de l’Église doit s’appuyer sur une analyse sociologique préalable. Inspirée par l’École de Chicago et l’écologie urbaine, l’approche sociologique conduit notamment à une modification du découpage paroissial. L’ouvrage apporte sur ce point une solide contribution à l’histoire de ce que l’on a appelé la sociologie pastorale, qui s’est développée en France et dans plusieurs autres pays dans les années 1950 et 1960.

La principale réponse apportée par l’Église diocésaine à l’urbanisation est la construction de nouveaux lieux de culte, étudiée dans la deuxième partie du livre. Un consensus s’établit sur la nécessité de construire des églises et d’établir des paroisses nouvelles afin de pouvoir attirer les fidèles : « l’équipement religieux a été envisagé comme la solution principale à l’effondrement de la pratique » (p. 101). Dans les projets ecclésiaux, il n’est alors plus question de la mission ouvrière. Au nom d’une rationalité technique, s’appuyant explicitement par exemple sur la théorie des lieux centraux (Walter Christaller), sont définis, à l’aide de ratios, le nombre d’églises à construire, leur localisation, les périmètres paroissiaux, etc. Se met sur pied une « véritable politique diocésaine d’équipement religieux » (p. 81). L’Église participe à la logique d’équipement qui prévaut alors chez les responsables politiques et les aménageurs, avec notamment la mise sur pied de « plannings paroissiaux ». D’ailleurs, les aménageurs sont eux-mêmes favorables à la construction d’églises, « symboles de la présence réelle de la fonction religieuse de l’homme dans le centre des villes que nous allons édifier » (Paul Delouvrier, 1965, p. 188). Cependant la planification de l’organisation de la...

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