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Reviewed by:
  • Des radios de lutte à Internet. Militantismes médiatiques et numériques by Françoise Blum
  • Fabien Granjon
Françoise Blum (dir.). - Des radios de lutte à Internet. Militantismes médiatiques et numériques. Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, 272 pages. « Histoire contemporaine ».

L'ouvrage dirigé par Françoise Blum réunit les actes d'un colloque intitulé « Les usages militants de la technique », qui s'est tenu à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense les 12 et 13 mars 2009. Il a pour objectif affiché de « mieux comprendre la dialectique à l'œuvre entre innovation technique et forme de l'engagement, entre appropriation des technologies et modalités de l'action collective » (p. 7). Les dix-huit contributions ici rassemblées et structurées en trois parties d'égale importance permettent de dresser un panorama éclairant des manières dont les formes d'engagement politique s'approprient la matérialité technologique.

Intitulée « Technologie/Mouvements sociaux/mobilisations », la première partie de l'ouvrage entend revenir, à partir d'exemples variés, sur la manière dont les luttes sociales peuvent faire fond sur des ressources techno-médiatiques qui en configurent le déroulement. Les études de cas proposées portent tour à tour sur des contextes [End Page 126] de mobilisation, des formes de conflictualité sociale et des appuis technologiques fort variés : le démantèlement de la sidérurgie française en 1982 et l'expérience de la radio Lorraine Cœur d'Acier (Ingrid Hayes) ; une grève au ministère des Finances en 1989 et l'usage des services de messagerie Télétel (André Narritsens) ; le mouvement des buralistes de 2008 (Caroline Frau) ou les campagnes pétitionnaires européennes de 2006 et le recours à Internet (Stéphane Carrara) ; la mobilisation des Premières Nations canadiennes en 1998 et les systèmes d'informations géographiques (Bastien Sibille). Loin d'être une faiblesse, la diversité des acteurs considérés, de leurs revendications, des espaces géographiques et institutionnels qu'ils arpentent, des temporalités de leurs luttes, des répertoires d'action et des ressources médiatiques qu'ils mobilisent, permet de mieux comprendre à la fois les raisons - entre contraintes et opportunités - de ces ajustements techno-politiques à chaque fois singuliers, mais aussi en quoi ceux-ci font retour sur les luttes sociales et en façonnent certains des aspects essentiels, notamment en des moments de mobilisation.

La deuxième partie du volume (« Organisations/associations ») s'intéresse à d'autres types d'acteurs, encore plus contemporains. Des partis politiques d'abord : la Ligue du Nord (Italie), le Parti communiste français, le Sinn Fein et le Democratic Ulster Party (Irlande du Nord), mais aussi des associations luttant contre la précarité (Secours populaire, Emmaüs) ou le sida (Act Up, Aides, Arcat, Femmes positives, Warning). Tout comme les organisations partidaires, ces associations n'envisagent pas leurs activités sans devoir assurer leur propre représentation et se donner les moyens d'une autonomie minimale s'agissant des productions symboliques en lien avec leurs combats. Martina Avanza explique par exemple combien les différents médias de la Ligue du Nord (presse, radio, TV, Internet) sont un moyen de socialisation à la culture partisane et un outil d'imprégnation et de participation communautaires pour les militants du parti, tandis qu'Isabelle Hare insiste sur la manière dont Internet permet une « présence totalement nouvelle de la figure du leader politique » en Irlande du Nord (p. 136). Céline Barthonnat revient pour sa part sur les activités de propagande audiovisuelles du PCF et la créativité des « ciné-militants » qui amorcèrent le « tournant communicationnel » du parti, lequel a aussi été négocié par les associations de solidarité (Axelle Brodiez-Dolino) et de lutte contre le sida (Sylvie Célérier) afin de gagner en notoriété et d'assurer une plus grande efficacité de leurs mobilisations (collecte de dons, diffusion de l'expertise, intéressement médiatique, etc.).

La dernière partie de l'ouvrage rassemble quant à elle des contributions supposées montrer que les technologies médiatiques ne sont pas seulement des instruments techniques au service d'une cause...

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