In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le choix de la CEE par la France. L'Europe économique en débat de Mendès France à de Gaulle (1955-1969)
  • Francesco Petrini
Laurent Warlouzet . - Le choix de la CEE par la France. L'Europe économique en débat de Mendès France à de Gaulle (1955-1969), Paris, CHEFF, 2011, 569 pages.

Lorsqu'en juin 1955 commencent les négociations qui conduisent, en mars 1957, à la signature des traités de Rome instituant la CEE et l'Euratom, le résultat final est tout sauf acquis. Le principal élément d'incertitude qui pèse sur ces négociations est la position de la France, qui seulement dix mois auparavant a provoqué le naufrage du projet de Communauté européenne de défense (CED). Le fait que les négociations soient dirigées vers la création d'un grand marché ouvert ne représente certainement pas un bon signal aux yeux des Français. Comme Laurent Warlouzet le rappelle, il y avait plus de vingt ans que la France avait répudié le libre-échange. Certes, dans le contexte de l'époque, elle ne représentait pas une exception. Pendant la Grande Dépression, le protectionnisme était devenu un instrument généralement accepté pour défendre les sociétés nationales contre les dégâts provoqués par le libre fonctionnement du marché. Mais après la Seconde Guerre mondiale la France était sans doute le pays européen qui avait le plus de difficultés à s'adapter au multilatéralisme prôné par l'hégémonie américaine. En fait, pendant le difficile processus de libération des échanges qui a lieu en Europe occidentale dans les années cinquante, la France joue le rôle de mouton noir, constamment en retard, voire en contradiction ouverte avec les étapes de libéralisation convenues. La IVe République vivait avec difficulté la tentative de concilier la modernisation nécessaire, pour sortir de l'abîme dans lequel le pays avait plongé en 1940, avec le fardeau de la fonction impériale.

Pourtant, la France non seulement signe les traités de Rome, mais, contrairement à ce qui s'était passé avec la CED, elle les ratifie et surtout, après l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, elle est en mesure de respecter les délais pour la libération des échanges. Comment expliquer la « conversion de la France à la CEE » (p. 210) ? C'est la question que Laurent Warlouzet, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université d'Artois, traite dans la première partie de ce volume. En substance, écrit-il, la CEE et le Marché commun ont été considérés non seulement comme inévitables, mais aussi comme des outils de modernisation pour l'économie et la société françaises. D'une part, après l'aboutissement de la reconstruction, il était devenu clair, au moins pour une partie de l'élite dirigeante, que la France devait mettre fin à la discrimination commerciale et revenir à la convertibilité de la monnaie si elle voulait éviter d'être réduite à l'état de puissance tributaire, dépendante de l'aide extérieure. D'autre part, en peu de temps, ces mêmes élites comprennent que l'adhésion à la libéralisation, sous la forme régulée qu'elle prend dans le traité de Rome, permet de concilier l'ouverture à l'extérieur avec la modernisation à l'intérieur.

Au début des négociations, des hommes politiques de premier plan, comme le socialiste Paul Ramadier et le radical Pierre Mendès France, expriment clairement leur opposition à un projet qu'ils estiment funeste pour le modèle social et économique français. De vastes zones de l'administration se méfient de la libéralisation et, dans les milieux économiques, la préoccupation engendrée par le démantèlement des protections semble prendre le pas sur les perspectives de croissance. Ces tendances trouvent pleine expression dans le projet de mémorandum circulant à l'intérieur de l'administration française en mai 1956, dans lequel « la libération des échanges est acceptée uniquement si...

pdf

Share