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Reviewed by:
  • Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel
  • Benoît Grenier
Jan Noel, Along a River. The First French-Canadian Women (Toronto: University of Toronto Press 2013)

Jan Noel nous livre, avec Along a River. The First French-Canadian Women une synthèse attendue depuis longtemps sur l’histoire des femmes de la Nouvelle-France. Forte de nombreuses années de recherche et de réflexion sur les femmes à l’époque coloniale et donnant suite à d’autres publications sur le sujet, Noel possédait l’expertise pour mener à bien une telle entreprise. D’entrée de jeu, elle présente son travail comme « a study in human ecology ». Elle propose de montrer comment les conditions environnementales et l’écosystème de la vallée du Saint-Laurent et des Grands Lacs ont offert des opportunités aux Canadiennes (et non seulement à leurs maris). Faisant écho aux thèses frontièristes, Noel veut rendre aux femmes leur part de cet univers de possibilités. Elle revient ainsi en quelque sorte à la charge en donnant ce qui pourrait être une ultime réplique à l’historienne Micheline Dumont avec laquelle elle avait eu de sérieux échanges dans la revue Atlantis au début des années 1980 à propos d’un texte qu’elle y avait publié et intitulé « New France : Les femmes favorisées? ». Il faut admettre que malgré des nuances et un propos solidement appuyé par les sources et les travaux historiens les plus récents (tant en français qu’en anglais), Noel persiste et signe; elle présente un argumentaire plutôt à contre-courant des plus récentes interprétations qui sont venues nuancer la vision d’une Nouvelle-France idyllique pour les femmes et réitérer la force du patriarcat dans cette colonie comme ailleurs. On pense aux travaux de Josette Brun sur les femmes de Québec et de Louisbourg, par exemple ou à ceux de Colleen Gray sur les supérieures de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Pour Noel, les femmes issues du peuplement français en Amérique sont dans une situation exceptionnelle en comparaison de leurs contemporaines de France, de Grande-Bretagne ou des Treize colonies. Elles auraient été favorisées par le maintien, durant une longue [End Page 315] période, de conditions et de normes sociétales préindustrielles, lesquelles se transformeront en un durcissement des rôles genrés plus tardivement au Canada français que dans les autres régions, soit à compter de 1830–1840. Non seulement pourfend-elle l’idée d’une société patriarcale constante du régime français au 20e siècle, mais elle remet aussi en cause le concept de « deputy husband » que l’on doit à l’historienne américaine Laurel Ulrich et considéré applicable en Nouvelle-France. Le maître mot pour Noel paraît bien être la diversité des réalités de femmes. C’est d’ailleurs l’une des forces de son livre; nombreux exemples à l’appui, elle montre que les Canadiennes ont été actives dans tous les domaines et bien au-delà du noyau familial de production.

Après une introduction théorique, le livre se découpe en quatre parties d’inégale longueur. La partie 1 (composée du seul chapitre premier) vise à peindre un tableau général et sur la longue durée (1600–1800) des historiographies nécessaires pour saisir l’évolution des sociétés de part et d’autre de l’Atlantique, le tout visant à asseoir son interprétation relative à la singularité du cas canadien en insistant sur la marginalisation progressive des femmes tant en France, en Angleterre que dans les colonies anglo-américaines. Les parties 2 et 3, composées chacune de trois chapitres, constituent le cœur de l’ouvrage. La partie 2, intitulée Along a River, consacre le chapitre 2 aux migrantes du 17e siècle et particulièrement à deux catégories : les dévotes et les filles du roi. En insistant sur cette Nouvelle-France toute féminine dans sa fondation (des « Mères fondatrices spirituelles de la nation » – un cas exceptionnel insiste...

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