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Reviewed by:
  • Wildlife, Conservation, and Conflict in Quebec: 1840–1914 by Darcy Ingram
  • Gaston Côté
Darcy Ingram, Wildlife, Conservation, and Conflict in Quebec: 1840–1914 (Vancouver: University of British Columbia Press 2013)

Les premières mesures visant à protéger les ressources cynégétiques et halieutiques au Québec sont mises en place dans la seconde moitié du xixe siècle sous l’égide du mouvement conservationniste. Ce mouvement vise la protection de la nature par une exploitation rationnelle des ressources naturelles. En Amérique du Nord, comme au Québec, les autorités gouvernementales adoptent des réglementations encadrant les activités de chasse et de pêche pour que cellesci correspondent au code de bonne conduite du chasseur et pêcheur sportif parallèlement à la création de parcs et de réserves pour assurer des aires de reproduction au gibier et au poisson.

Certes, l’essor du mouvement conservationniste au Québec est indissociable de son pendant nordaméricain avec lequel il partage de nombreuses caractéristiques. Or, le mode de conservation qui a pris forme au Québec est fort différent de ce que l’on retrouve partout en Amérique du Nord. Le Québec est la seule juridiction en Amérique du Nord à avoir alloué les droits de chasse et de pêche exclusifs au plus offrant parmi les associations de chasseurs et de pêcheurs sur d’immenses portions des terres publiques. Ces associations, qu’on appelle généralement les clubs de chasse et de pêche, ont pris en charge les responsabilités d’assurer la survie à long terme des ressources fauniques par le gardiennage du territoire. Les historiens ont déploré les injustices découlant de ce « système » aux apparences de régime féodal qui a permis aux élites sportives nord-américaines d’exercer un monopole territorial et culturel sur les ressources de l’arrière-pays, et ce, au nom de la conservation du gibier et du poisson.

Les années 1880 sont marquantes dans le développement du système de location des droits de chasse et de pêche qui a perduré pendant un siècle au Québec. En 1882, un jugement de la Cour suprême du Canada confirme que les droits de pêche sur les eaux intérieures du domaine public reviennent aux provinces. Confirmé dans ses prétentions, le gouvernement provincial adopte une série de lois et règlements qui vont entraîner l’affermage de tout le territoire facilement accessible notamment l’Acte pour faciliter la formation en cette province de clubs pour la protection du poisson et du gibier de 1885. Or, les clubs pour la protection du gibier et du poisson sont actifs dans la province depuis le milieu du xixe siècle, mais leurs motivations et leur impact sur le développement de la conservation du gibier et du poisson au Québec était encore mal documenté.

C’est ici que s’inscrit la contribution de Darcy Ingram. Dans son ouvrage, Ingram remonte aux sources du mouvement de protection du gibier et du poisson dans la [End Page 340] province en mettant de l’avant les acteurs du mouvement, leurs motivations et leurs influences. Pour Ingram, l’engagement des grands propriétaires terriens britanniques pour l ’amélioration du territoire a constitué le modèle à suivre pour les défenseurs de la protection des ressources fauniques au Québec après 1840. Ce faisant, plutôt que de situer l’origine du mouvement de conservation dans l’univers nord-américain, Ingram le situe plutôt dans l’évolution d’un courant européen et plus spécifiquement britannique : « Quebec’s approach to wildlife conservation was as much the product of centuries of European custom and culture as it was of contemporary socio-economic trends » (8).

Le mouvement de conservation qui s’ensuit reflète les « sensibilités patriciennes » de ses promoteurs. Leurs initiatives s’articulent autour de la notion d’« improvement » qui est profondément ancrée dans l ’histoire et la culture européenne. Au xixe siècle, cette volonté d’amélioration ne concerne plus...

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