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  • Éva Circé-Côté. Les femmes et les médias au Québec au début du xxe siècle
  • Laurie Laplanche (bio)
Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté. Libre-penseuse, 1871–1949 (Montréal, les Éditions du remue-ménage, 2010)
Andrée Lévesque, Chroniques d’Éva Circé-Côté. Lumière sur la société québécoise, 1900–1942 (Montréal, les Éditions du remue-ménage, 2011)

Publiée en 2010 aux Éditions du remue-ménage, la biographie d’Éva Circé-Côté retrace le parcours personnel, professionnel et idéologique de cette femme qui a contribué à alimenter les débats publics et l’imaginaire collectif au Québec au début du xxe siècle. L’objectif de l’auteure, l’historienne Andrée Lévesque, est d’ouvrir « une fenêtre sur le Québec progressiste des premières décennies du xxe siècle », un courant minoritaire et radical auquel appartenait Éva Circé-Côté et qui a été occulté de « l’histoire sociale et culturelle du Québec » (13; 210). Afin de permettre aux lecteurs de se familiariser plus en profondeur avec la réflexion de la libre-penseuse, les Éditions du remueménage ont également fait paraître en 2011 un recueil de chroniques choisies et recensées par Andrée Lévesque. Grâce à sa biographie et son recueil de chroniques, elle fait revivre les idées de Musette, Colombine, Fantasio, Jean Bard, Jean Ney, Paul S. Bédard, Arthur Maheu et Julien Saint-Michel, quelques-uns des différents pseudonymes associés à la plume d’Éva Circé-Côté. Andrée Lévesque parvient à surmonter les obstacles liés à l’usage courant de pseudonymes et à l’héritage pratiquement inexistant de sources intimes laissées par Éva Circé-Côté. Elle offre par conséquent deux ouvrages riches en informations et en citations de cette intellectuelle « trop longtemps négligée » dans l’historiographie (2011: 13).

S’appuyant sur un travail méticuleux de recherche en archives et d’analyse de sources tout en mettant à contribution ses contacts avec des descendants [End Page 229] de la famille Circé-Côté, Andrée Lévesque brosse « le tableau d’une époque » (13), en examinant les « grands combats » de la journaliste pour « le libéralisme, le patriotisme, la laïcité et le féminisme » (211). À cette fin, la biographie d’Éva Circé-Côté, née le 31 janvier 1871 à Montréal au sein d’une famille aisée, unie et chaleureuse, est divisée en deux parties. La première partie s’intéresse principalement à sa vie personnelle et familiale, ses carrières et ses amitiés alors que la deuxième partie met en lumière les grands thèmes sur lesquels elle s’est prononcée et qui justifient son titre de libre-penseuse: le progrès, la tolérance, la liberté, la séparation de l’Église et de l’État, la laïcisation de la société, le nationalisme, la qualité de la langue française et les droits des femmes. Andrée Lévesque prend soin de contextualiser les données biographiques et idéologiques au sein de l’évolution du Québec au cours des premières décennies du xxe siècle afin de reconstituer la « fresque » urbaine d’un Montréal qui connaît alors d’importantes transformations industrielles et sociales. Par le fait même, les contributions d’Andrée Lévesque permettent d’extirper de l’ombre le travail et la parole des femmes journalistes.

Critique de son temps, Éva Circé-Côté, qui était aussi bibliothécaire, poète, romancière et dramaturge, a légué environ 1760 chroniques. Andrée Lévesque s’intéresse principalement aux textes qu’elle a publiés entre 1900 et 1942 dans différents journaux, notamment Les Débats, L’Étincelle (fondé par Circé-Côté elle-même en 1902), La Vigie, L’Aurore, et plus particulièrement dans Le Pays et Le Monde ouvrier. Le recueil contient à cet effet 78 chroniques et seulement un conte de Noël. Puisque les ouvrages...

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