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  • Vers l’Harmonisation et la Consolidation du Réseau des Universités Publiques Régionales d’Haïti
  • Yves Voltaire

L’histoire du Réseau des Universités Publiques en Région1 d’Haïti comportait, jusqu’à tout récemment, une seule période se subdivisant en deux étapes: celle du Centre d’Enseignement Supérieur Technologique (CEST) des Cayes (7 novembre 1999 - 7 novembre 2006) et celle de la fondation des 4 premières Universités Publiques Régionales aux Cayes (novembre 2006), aux Gonaïves (janvier 2007), au Cap-Haitien (octobre 2007) et à Jacmel (décembre 2011). Mais, depuis octobre 2011, les UPRH ont entamé, par décision de l’Etat haïtien, à travers le Plan Opérationnel 2010-2015 du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), une deuxième période de leur histoire: celle de leur harmonisation, de leur consolidation et de leur extension en vue de constituer un réseau universitaire performant. En effet, dans la perspective d’ouvrir deux nouvelles universités publiques régionales à Port-de-Paix dans le Nord-Ouest et à Hinche et Mirebalais dans le Plateau Central, le Ministère de l’Education nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a mis en œuvre des moyens pour renforcer les bases de celles déjà existantes dans le Sud, l’Artibonite, le Nord et le Sud-est. Quels sont les objectifs de cette nouvelle opération et quelle orientation les UPRH sont-elles en train de se donner en collaboration avec le MENFP? Ces institutions publiques sont-elles condamnées à reproduire les déficiences et les tares tant décriées du système universitaire haïtien ou offrent-elles une pratique alternative en termes d’accessibilité, de formation professionnelle de qualité, de gouvernance, de financement, de reddition de compte, de recherche, de modernisation et d’autonomie? Comment capitaliser sur les efforts déjà accomplis afin de former avec ces Universités publiques un réseau harmonieux et performant mettant en valeur les différences régionales?

Nous nous proposons d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions en analysant le processus de transition historique et d’innovation dans lequel les UPRH sont engagées depuis octobre 2011. [End Page 258]

Contextualisation: les défis de la formation post-secondaire en Haïti

Tout d’ abord, pour comprendre la mission des UPRH, il importe de saisir les défis posés aux responsables politiques par l’organisation de la formation post-secondaire. En bref, on a constaté depuis les années 1980 une augmentation accélérée du nombre des élèves terminant le secondaire et demandant une formation universitaire. Or, le système éducatif haïtien n’offre pas une diversité de choix de formation technique et professionnelle en fonction des besoins de la société et des débouchés sur le marché de l’emploi aux niveaux national, caribéen et international. Tout le monde veut entrer à l’Université. De plus, l’unique «Université d’ Etat d’ Haïti» (UEH) arrive de moins en moins à absorber cette demande croissante. Des 40.000 bacheliers annuels, elle peut à peine inscrire 3.000 dans ses 11 facultés et écoles supérieures de Port-au-Prince auxquelles il convient d’ajouter 3 écoles publiques d’infirmières (Port-au-Prince, Cayes et Cap-Haitien) et 6 facultés de droit et de sciences économiques aux Gonaïves, au Cap-Haitien, à Fort-Liberté, à Port-de-Paix, à Jacmel et aux Cayes. Par ailleurs, placée par la Constitution de 1987 au rang des institutions indépendantes, à l’instar du Conseil électoral, de la Cour supérieure des comptes et de l’Office de la protection du citoyen, l’UEH, dans l’exercice de son autonomie universitaire, ne se considère pas soumise au contrôle du MENFP ni d’aucune autre institution. Au contraire, certains estiment qu’il serait de ses prérogatives de gérer l’ensemble du système d’enseignement supérieur haïtien. Toutefois, dans la pratique, l’UEH se voit surtout contrainte de tenter de faire face, tant bien que mal, à ses propres crises récurrentes à l’intérieur...

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