Abstract

Cet article retrace les étapes de l’adoption et de la transformation des politiques de bilinguisme à la Ville d’Ottawa, capitale du Canada. L’article montre que les débats sur la politique de bilinguisme depuis une quarantaine d’années portent essentiellement sur deux enjeux : la préoccupation pour l’aspect symbolique de l’affirmation de l’égalité des langues officielles et les difficultés concrètes liées à la mise en œuvre de cette égalité dans le cadre du milieu de travail ou dans la prestation des services à la population. Si l’affirmation de l’importance du bilinguisme dans les diverses politiques dont la ville s’est dotée dans les 40 dernières années s’est faite de manière relativement aisée, la mise en œuvre concrète de cette politique est dans bien des domaines, et en particulier en ce qui a trait à la capacité des employés de la ville de travailler en langue française, un échec. L’affaire Lepage, lors de laquelle un employé de la ville a été congédié parce qu’il réclamait de travailler en langue française, affaire dont il sera traité abondamment, est symptomatique de cette difficulté. Nous verrons ainsi que lorsque des moments de crises médiatiques ont fait du bilinguisme à la Ville d’Ottawa un enjeu, l’ensemble des intervenants (élus, groupes de citoyens, médias) ont été surtout préoccupés par les enjeux symboliques de cette politique, sans pour autant être en mesure d’appréhender la complexité et les défis particuliers associés à l’atteinte des objectifs de cette politique. Comme il sera suggéré dans cet article, la volonté d’agir au niveau des représentations symboliques (par la désignation « officielle » de la ville, par exemple) marque sans doute le constat d’une incapacité à penser les voies d’une réelle mise en œuvre d’un bilinguisme institutionnel.

Abstract

This essay retraces the steps involved in the adoption of bilingualism policies in Canada’s capital, Ottawa. The essay shows that debates concerning bilingualism over the past 40 years have centred primarily on two issues: concerns related to the symbolism of affirming the equality of both official languages; and challenges related to the implementation of this equality within the workplace and the delivery of services to the public. If affirming the importance of bilingualism has been relatively easy, actual implementation, especially with respect to municipal employees’ ability to work in French, has proven a failure. The Lepage affair, in which a municipal employee was fired by the city because he demanded the right to work in French, is symptomatic of this difficulty. As bilingualism has become a significant issue, all stakeholders (elected officials, citizens’ groups, media) have been primarily concerned with the symbolic aspects of the policy, while ignoring the complexity and specific challenges of achieving its objectives. Ottawa’s willingness to take action in the area of symbolic representations (by designating itself “officially” bilingual, for example) is undoubtedly a reflection of its inability to conceptualize actual implementation of institutional bilingualism.

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