Abstract

L'étude des zones de tension de la littérature québécoise permettrait, selon plusieurs chercheurs, de mettre au jour des « loyautés conflictuelles » et poserait ainsi « la question des balises, des assises, des lieux communs, et des lieux d'énonciation qui nous font appartenir à un univers de discours plus qu'à un autre » (Harel 2008, 52). Nombreux sont les travaux sur la littérature anglo-québécoise qui ont exploré ces « loyautés conflictuelles » de manière théorique, tentant de rectifier les grandes lignes du récit escortant l'institution littéraire du Québec. Il s'agissait de penser d'abord le cadre - historique, linguistique, territorial, heuristique - et les frontières internes d'un vaste corpus avant de pouvoir lire, au sens fort du terme, les œuvres anglo-québécoises. Afin de répondre aux analyses institutionnelles déjà publiées, le présent article propose une micro-analyse de deux scènes de conflit empruntées aux œuvres de Mordecai Richler et de David Homel. Les deux scènes choisies se présentent comme des récits de vengeance et renvoient, chacune à leur manière, à l'histoire de la diaspora juive. Elles témoignent également d'un certain rapport à la « mémoire exemplaire », telle qu'elle est définie par Tzvetan Todorov dans Les abus de la mémoire.

Abstract

Studying areas of tension within Quebec literature would, in the view of a number of researchers, shed light on some "conflicting loyalties" and thereby pose the "question of markers, foundations, common spaces, and places of statement that bind us to one universe of discourse more than another" [translation] (Harel 2008, 52). Numerous works on English-language Quebec literature have explored these "conflicting loyalties" in a theoretical manner, attempting to redefine the outlines of the traditional Quebec novel. This involved rethinking the framework—historical, linguistic, territorial, and heuristic—and internal boundaries of a vast body of work as a first step before the works of Anglo-Quebeckers could, in the strictest sense of the word, be read. In response to previously published institutional analyses, this article proposes a micro-analysis of two scenes of conflict drawn from the works of Mordecai Richler and David Homel. Both scenes involve stories of vengeance, with each referring, in its own way, to the story of the Jewish diaspora. They also bear a certain relationship to the concept of "exemplary memory" as defined by Tzvetan Todorov in The Abuse of Memory.

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