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  • Représentations des identités masculine et féminine en littérature jeunesse d'Afrique et du Canada:Quelques exemples
  • Joseph Nnadi (bio)

L'imaginaire n'a pas de frontières, pas de couleurs non plus. Que les enfants du monde s'inventent dans le monde par le langage qui est une invitation permanente à la critique et qu'ils réinventent le monde pour y être plus heureux. Inch Allah!

(Seck, « L'imaginaire » 8)

C'est sur ce ton de fervente prière qu'Hadja Sarang Seck1 conclut le discours qu'elle a fait prononcer dans un Colloque international de la Children's Literature Association tenu en juin 2005. Or, c'est un discours dans lequel elle élabore son esthétique d'auteur de quatre albums pour la jeunesse. Seck y soutient que, bien que solidement ancrés dans la culture africaine (ainsi que nous le verrons bientôt), ses ouvrages restent à la portée des enfants du monde entier, « enfants blancs, jaunes ou rouges . . . ou d'autres couleurs . . . [sic]» (7). Elle affirme ainsi l'universalité non seulement de sa propre création littéraire mais de toute littérature (de jeunesse ou d'adulte), puisque l'imaginaire s'enrichit de tout et peut enrichir, enivrer tout lecteur, sous tous les climats, sans égards aux bornes géographiques, culturelles ou raciales.

L'objectif de cette étude est, d'une part, de présenter les œuvres d'Hadja Sarang Seck aux lecteurs francophones de toute l'Amérique du Nord. Malgré le succès que ces albums ont connu en Europe,2 ils restent jusqu'ici inconnus dans ce vaste continent. De plus, nulle part il n'existe d'études critiques approfondies, du moins à ma connaissance. Ce qui est plus important peut-être, ce travail se veut une étude comparative, rapprochant les écrits de Seck aux ouvrages de quelques écrivains contemporains du Canada francophone. Il va sans dire que ce que la Guinéenne dit de ses œuvres s'appliquerait, jusqu'à un certain point, aux œuvres canadiennes, justement parce que « l'imaginaire n'a pas de frontières ». [End Page 52]

Les propos de Seck cités ci-dessus témoignent de son désir de mettre ses écrits à la portée de la jeunesse mondiale dans le but de créer « un monde meilleur », grâce à la compréhension et au partage des cultures littéraires différentes. À travers la littérature, Seck vise à un dialogue des cultures, car, il va de soi que, comme les œuvres de Seck, celles de ses homologues canadiens et canadiennes, feront facilement rêver les enfants du monde entier, y compris ceux de l'Afrique noire.

Dans cette étude, nous recherchons donc les similitudes et les différences entre les ouvrages des deux côtés de l'Atlantique, surtout dans leur représentation des identités masculine et féminine. À quelques exceptions près, la littérature jeunesse en question dresse un portrait assez sombre du personnage masculin et un portrait édifiant du personnage féminin. Souvent, ce portrait se conforme aux rôles traditionnels de l'homme et de la femme tels qu'ils sont établis par la société. De cette façon, la littérature destinée aux générations à venir ferait écho aux préjugés de nos jours et même du passé. Elle tendrait ainsi à maintenir le statu quo sociétal. Mais parfois, c'est l'inverse et certaines œuvres de la « littérature enfantine » semblent combattre ces préjugés et ce statu quo. Cette bipolarité dans la représentation des identités féminine et masculine se manifeste non seulement dans la littérature canadienne pour la jeunesse, mais aussi dans les textes qui nous parviennent d'outre-mer.

Davantage, nous nous consacrerons principalement aux albums de Cécile Gagnon (Histoire d'amour, 2005), Denise Paquette (Mon grand frère le Zombi, 2005), Christiane Duchesne (L'enfance de Monsieur Edgar, 2005), Raymond Plante (Le crocodile de Madame Grimace, 2005) et Nancy Montour (La fête du dragon, 2005).3 Du côté transatlantique, ce sont les quatre albums qu'Hadja Sarang Seck a publiés en collaboration avec Yves Pinguilly:4 (Le gar...

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