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  • La gloire et la puissance. Histoire de la culture équestre, XVIe-XIXe siècle by Daniel Roche
  • Bertrand Schnerb
Roche, Daniel — La gloire et la puissance. Histoire de la culture équestre, XVIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 2011, 495 p.

Après avoir, dans un premier volume intitulé Le cheval moteur, abordé le rôle fonctionnel du cheval, du début des temps modernes jusqu’à l’ère de la mécanisation, en mettant en lumière les divers aspects de l’utilisation de l’animal dans la vie quotidienne et dans l’univers du travail, l’auteur, avec ce deuxième volume, centre son propos sur la place que le cheval a occupée, durant la même période, dans le genre de vie et dans la culture des élites. Le champ chronologique dans lequel s’inscrit cette réflexion, intégrant l’Ancien Régime, la Révolution et l’avènement d’une société de notables, sur fond de révolution industrielle, est le cadre de changements profonds qui induisent une évolution marquée de la culture équestre. Le rôle du cheval de travail est, à terme, voué à s’estomper et à disparaître, tandis que la possession de montures ou d’animaux d’attelage, la maîtrise de l’art équestre, le recours à une équitation récréative deviennent des marqueurs sociaux.

Dans un premier temps, D. Roche rappelle comment, durant l’Ancien Régime, domine une société nobiliaire qui a hérité de traditions culturelles ménageant une place centrale au cheval. Le genre de vie de la noblesse, qui est aussi un critère de définition d’un statut social, juridique et politique, implique ce lien avec l’animal. « Service, plaisir et pouvoir » apparaissent d’emblée comme les maîtres mots qui éclairent cette relation privilégiée entretenue par l’homme noble avec la monture noble. Le cheval est indispensable dans le service de cour et la carrière militaire; il l’est tout autant dans les divertissements aristocratiques. Par ailleurs, l’homme de pouvoir ne se conçoit guère comme un simple piéton.

Ayant rappelé que le genre de vie est une composante essentielle de l’identité sociale, l’auteur montre, à partir d’exemples très éclairants, comment les représentants des élites ne se contentent pas d’être cavaliers, mais qu’ils sont « hommes de cheval », développant le cas échéant une activité d’élevage en adéquation avec leur idéal social : en ce domaine, le modèle identitaire implique un investissement à la fois économique et symbolique qui se concrétise dans la constitution de grandes écuries, un type d’organisation qui a une traduction fonctionnelle et architecturale et que l’Ancien Régime transmet à la société du XIXe siècle. Les propriétaires de grandes écuries constituées pour la parade, la chasse et l’attelage, en attendant les courses hippiques, maîtrisent une connaissance à la fois théorique et pratique des équidés; engagés personnellement dans l’acquisition des montures, ils s’intéressent à la morphologie, à l’esthétique, à la fonctionnalité et aux capacités physiques du cheval. Quant à leurs écuries, elles sont non seulement des bâtiments, dont certains ont été délibérément conçus comme des éléments de prestige, mais sont également un service domestique avec un personnel spécialisé et hiérarchisé (le premier écuyer ayant autorité sur les écuyers, les palefreniers, les maréchaux, les cochers, etc.), un parc de véhicules attelés et un budget souvent plus que respectable.

Après cet exposé des structures, D. Roche concentre son propos sur les usages des chevaux de l’élite, soulignant que la chasse « à courre » y occupe une place [End Page 583] centrale. Sous l’Ancien Régime, l’activité cynégétique est bien plus qu’un passe-temps ou qu’un moyen d’approvisionner la table noble en pièces de gros gibier; elle est l’exercice et la manifestation d’un privilège et un moyen d’affirmation d’une supériorité sociale. La Révolution, en abolissant les privilèges, aurait d...

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