In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Héros et héroïnes de la Révolution française by Serge Bianchi
  • Marie-Hélène Guilbault
Bianchi, Serge (dir.) — Héros et héroïnes de la Révolution française, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2012, 509 p.

L’héroïsme sous la Révolution française est un vaste sujet dont il peut être difficile de saisir toutes les nuances. Entre grands hommes, héros et martyrs, les définitions varient, même si tous ces termes se sont côtoyés et furent même parfois attribués simultanément à un personnage. La période révolutionnaire fut à la fois prompte à proclamer de nouveaux héros qui pouvaient servir de modèles à l’ensemble de la France de par leur courage et leur patriotisme républicain, mais aussi rapide à les priver de leur titre et à les destituer de leur place au sein du panthéon des grands hommes. Serge Bianchi, dans ce collectif Héros et héroïnes de la Révolution française qu’il a dirigé, cherche ainsi à mettre de l’avant « ce qui construit l’essence de l’héroïsation en temps de révolution, et les nuances infinies des fortunes et infortunes des célébrations héroïques, du national au local » (p. 497). Les divers articles ici réunis souhaitent faire état des recherches accomplies et offrir des pistes qui restent à être étudiées. Les articles sont ainsi regroupés en six parties à travers lesquelles se côtoient des questionnements essentiels sur la mémoire, thème récurrent du collectif, sur la place des femmes ainsi que sur les liens entre histoire régionale et histoire nationale.

La première partie, intitulée L’invention et le processus d’héroïsation, entre mythe et histoire, regroupe les articles d’Alan Forrest, de Serge Bianchi et d’Anne de Mathan portant sur les modèles héroïques qui inspirèrent les révolutionnaires. La contribution de Bianchi se démarque et montre l’adoption de Caïus Gracchus comme héros. La figure de Caïus, personnage marginal au début de la Révolution et généralement inséparable de son frère Tiberius, progressa « au rythme des supports médiatiques, du théâtre à la peinture », mais ne fut jamais adoptée par les milieux populaires, contrairement à la figure de Brutus (p. 39). Que ce soit le tribun romain ou les législateurs de l’Antiquité, ces personnages servaient d’exemples à imiter. Aussi, comme le démontre De Mathan, les Girondins récupérèrent ces modèles juste avant leur chute dans le but de sauver leur honneur en se comparant à ces héros qui avaient voué leur vie pour défendre la République (p. 57). Ils tentèrent en vain de créer eux-mêmes l’image qu’ils souhaitaient laisser à la postérité.

La seconde partie, « Héros et héroïnes de la République », regroupe les articles de Guillaume Mazeau sur Marat, de Nathalie Alzas sur le martyr de la liberté Vincent Malignon, de Claude-Alain Sarre sur André Estienne, tambour d’Arcole, de Philippe Bourdin sur les apothéoses théâtrales et de Cyril Triolaire sur le culte de [End Page 535] Bonaparte. L’article de Dermenjian, Guilhaumou, Lambert et Lapied aborde quant à lui un sujet trop souvent oublié, celui de la présence féminine dans l’héroïsme révolutionnaire. Les auteurs constatent que les héroïnes reconnues durant la période révolutionnaire demeurent relativement peu nombreuses. Il y eut bien sûr ces héroïnes anonymes comme les femmes d’octobre 1789 ou encore quelques femmes soldats, quelques « saintes » patriotes et des femmes célèbres comme Olympe de Gouges. Il y eut aussi ces héroïnes contre-révolutionnaires, mais elles leur apparaissent davantage comme victimes et martyres. La seule femme qui durant la période révolutionnaire fut considérée comme ayant les qualités d’une héroïne fut Charlotte Corday. Les auteurs attribuent la faible présence féminine aux qualités...

pdf

Share