In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • The Colonization of Mi’kmaw Memory and History, 1794-1928. The King v. Gabriel Sylliboy by William C. Wicken
  • Claude Gélinas
Wicken, William C. — The Colonization of Mi’kmaw Memory and History, 1794-1928. The King v. Gabriel Sylliboy. Toronto, University of Toronto Press, 2012, 328 p.

Cet ouvrage a pour point de départ les témoignages en cour de six Mi’kmaw de la Nouvelle-Écosse dans le cadre d’un appel de la condamnation du chef Gabriel Sylliboy, jugé coupable l’année précédente d’avoir chassé illégalement le rat musqué. À travers les propos exprimés par les différents témoins, l’auteur souhaite montrer comment à cette époque le souvenir de la signature d’un traité avec les Britanniques en 1752, traité mis en preuve à la cour, s’est transformé dans la mémoire des Mi’kmaw au fil des générations et dans le sillon de l’expérience coloniale. Grâce à une connaissance approfondie des sources documentaires relatives aux Mi’kmaw et à l’histoire de la Nouvelle-Écosse, l’auteur parvient ici, au prix de patientes et minutieuses mises en contexte, à tirer un maximum d’information d’un corpus initial relativement maigre et à proposer un argumentaire cohérent et convaincant. Certes, certaines affirmations faites au fil de l’ouvrage [End Page 602] relèvent avant tout d’extrapolations ne pouvant être appuyées sur des preuves documentaires, mais au terme de l’exercice, le scénario proposé s’avère tout à fait réaliste.

L’ouvrage se divise en trois parties, la première étant consacrée à décrire le contexte qui a mené à la poursuite des autorités provinciales contre le chef Sylliboy, ainsi que les raisons qui ont amené ce dernier à interjeter l’appel de sa condamnation. Selon l’auteur, la coutume mi’kmaw de chasser hors saison sur des propriétés privées, la méfiance du monde rural envers les Autochtones, et surtout la volonté du gouvernement provincial de limiter l’accès aux terres de la Couronne au profit du développement économique expliquent pourquoi le chef s’est retrouvé devant les tribunaux. Pour sa part, en choisissant de financer l’appel de Sylliboy, le gouvernement fédéral voyait une occasion de laisser au tribunal l’interprétation de la portée du traité de 1752 en termes de droits de chasse et de pêche pour les Mi’kmaw; en d’autres termes, il laissait la province et les Indiens régler leurs différends entre eux.

Dans la seconde partie, l’auteur cherche à comprendre les raisons pour lesquelles les Mi’kmaw étaient convaincus, en 1928, que le traité de 1752 leur octroyait des droits particuliers. À cette fin, il devenait nécessaire de situer les propos du chef Sylliboy et des cinq autres témoins dans leur contexte historique. L’histoire de la Nouvelle-Écosse entre 1850 et le tournant des années 1920 sert ici de toile de fond pour démontrer comment s’est construite la mémoire du traité signé un siècle auparavant, particulièrement à travers l’analyse de pétitions déposées par les Mi’kmaw entre 1794 et 1853 et des témoignages livrés à la cour. L’exercice est ici périlleux puisque l’auteur associe la perception du traité telle qu’en témoigne le contenu des différentes pétitions à celle qu’auraient entretenue aux mêmes époques les arrière-grands-parents, les grands-parents et les parents des six Mi’kmaw qui en auraient hérité. Or, rien ne permet de croire que ces parents et ancêtres directs aient eu quoi que ce soit à voir avec la rédaction des pétitions. Néanmoins, en tenant pour acquis que l’esprit des pétitions découlait d’une représentation collective issue de l’expérience coloniale commune, l’auteur conclut qu’aux premiers temps du Régime britannique, lorsque l’influence des colonisateurs était moins grande sur le quotidien des Autochtones et que les autorités politiques avaient encore besoin d’entretenir de bons rapports avec les Mi’kmaw, ceux-ci concevaient le traité de...

pdf

Share