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  • Gaston Monnerville (1897–1991): un destin d’exception by Jean-Paul Brunet
  • Edward Ousselin
Gaston Monnerville (1897–1991): un destin d’exception. Par Jean-Paul Brunet. (Espace outre-mer.) Matoury: Ibis Rouge, 2013. 252 pp., ill.

Figure emblématique à la fois de l’intégration républicaine et de ses limites, cet avocat et homme politique originaire de la Guyane — et, comme il le rappelait souvent, petit-fils d’esclave — réussit à force d’études et de travail à devenir le troisième personnage de l’État, en tant que président du Conseil de la République (1947–58) puis du Sénat (1959–68). Jean-Paul Brunet a été un des collaborateurs de Monnerville et, s’il se défend d’avoir voulu ‘dresser un panégyrique’ (p. 16), il est clair que son ouvrage biographique est empreint d’admiration pour lui: ‘Gaston Monnerville eut une vie exemplaire’ (p. 223). Privilégiant une conception assimilationniste des rapports entre la France et ses colonies, Monnerville joua un rôle essentiel, de concert avec Aimé Césaire, dans l’adoption de la loi sur la départementalisation des ‘quatre vieilles colonies’ (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) en 1946. Ne pouvant se faire réélire député en Guyane, il se reconvertit en notable local dans le département du Lot. Issu de la tradition radicalesocialiste et donc soucieux de maintenir les prérogatives du Parlement, Monnerville s’opposa à Charles de Gaulle lors du référendum de 1962, ce qui n’empêcha pas la conception gaullienne de la fonction présidentielle de prévaloir. Dans ce domaine comme [End Page 272] dans d’autres, l’auteur retrace les interventions courageuses de Monnerville, qui en juriste consciencieux défendait ‘l’équilibre des pouvoirs’ (p. 188) face aux risques de dérives vers un pouvoir personnel durant les premières années de la présidence de de Gaulle. Monnerville termina sa carrière politique (l’auteur a raison d’insister sur le fait qu’elle fut exceptionnelle) en tant que membre du Conseil constitutionnel. Brunet rappelle également qu’en 1953 Monnerville aurait pu être un candidat logique à la présidence de la IVe République, n’eût été la couleur de sa peau (pp. 137–40). L’ancien sous-secrétaire d’État aux Colonies (1937–38) resta cependant fidèle à son engagement assimilationniste tout au long de sa carrière: ‘Monnerville avait gardé l’image idéaliste d’une colonisation française débouchant sur l’union fraternelle des peuples de l’outremer et de la métropole’ (p. 164). En ce qui concerne la fin de l’Empire colonial français, Brunet fournit relativement peu d’indications sur les prises de position de Monnerville durant les guerres d’indépendance en Indochine et en Algérie. L’accent est mis sur la politique intérieure et sur les activités et l’influence de Monnerville durant ses deux décennies à la présidence de la chambre haute du Parlement français, avec deux chapitres consacrés à ses conflits avec de Gaulle durant et après le référendum de 1962, qui institua l’élection au suffrage universel direct du président de la République. Le bilan de l’action politique de Monnerville que dresse l’auteur dans son dernier chapitre est nuancé, indiquant par exemple qu’en 1945 ‘Monnerville, comme la plupart des radicaux, n’apprécie pas dans toute son intensité le désir de renouveau politique qu’éprouvent les Français’ (p. 227). Malgré les récits détaillés des joutes parlementaires qui constituèrent une grande partie de la carrière politique de Monnerville, la biographie de Brunet se lit avec plaisir, l’auteur ayant réussi à faire ressortir les dimensions multiples de l’homme (franc-maçon, résistant, écrivain, etc.).

Edward Ousselin
Western Washington University
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