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  • Ronsard et le livre (II): étude de critique génétique et d’histoire littéraire. Deuxième partie: les livres imprimés by François Rouget
  • Cynthia Skenazi
Ronsard et le livre (II): étude de critique génétique et d’histoire littéraire. Deuxième partie: les livres imprimés. Par François Rouget. (Cahiers d’humanisme et Renaissance, 109). Genève: Droz, 2012. 742 pp.

Le second volume de l’étude de François Rouget sur la genèse poétique et l’histoire éditoriale des œuvres de Ronsard constitue une entreprise impressionnante (Première partie: lectures et textes manuscrits (Droz, 2010); voir French Studies, 65 (2011), 520). Rouget examine tous les aspects du contrôle que Ronsard exerce sur la production et la réception de ses livres imprimés. Il faut donc entendre ici ‘le livre’ dans la perspective d’une poétique de l’édition et d’une présentation matérielle dont Ronsard ne cesse d’orchestrer chaque détail. Ce constant travail témoigne du souci de perfection d’un auteur dont les textes sont toujours en chantier, mais pour Ronsard la poésie est aussi liée à la promotion personnelle et par là au commerce. Opportunisme et stratégie à long terme vont de pair, et Rouget souligne dans ce sens d’habiles jeux sur les privilèges. D’une part, la parution régulière de plaquettes chez divers libraires parisiens permet à Ronsard de rester attentif à l’actualité politique, d’occuper en permanence la scène littéraire, de défendre ses intérêts financiers et de garder le contrôle de ses textes en renégociant ses accords avec ses imprimeurs. D’autre part, son partenariat avec Gabriel Buon, qui a le monopole des éditions successives des Œuvres, assure à son monument poétique une gloire de longue durée. L’aspect publicitaire des recueils de Ronsard se manifeste encore dans leur organisation, ainsi que dans une multitude d’autres aspects plus techniques tels que la configuration des pages de titre, le format des volumes, la présence de commentaires et de textes liminaires, l’insertion de portraits du poète, et la mention des privilèges. À chaque étape de la fabrication du livre, Ronsard impose sa touche. Ses contributions à des volumes collectifs, des anthologies, des ouvrages de rhétorique et des recueils de chansons révèlent une volonté analogue de propagande personnelle. Ronsard fait flèche de tout bois, profite des circonstances et du moment pour soigner son image de marque et consolider sa renommée. Ses efforts sont loin d’être vains, et le dénombrement même approximatif des réimpressions de ses livres démontre leur succès continu du vivant de Ronsard. Les exécuteurs testamentaires du Vendômois veillent ensuite avec dévouement à sa réputation posthume. Comme la plupart des poètes de son temps, Ronsard est peu lu au cours des deux siècles qui suivent sa mort, mais ses œuvres figurent dans les bibliothèques des grands. L’étude de Rouget constitue un cas exemplaire d’un auteur qui a le sens des affaires et utilise à son profit toutes les ressources de l’imprimerie. Elle [End Page 96] démontre que le génie poétique n’est pas tout: l’écrivain a besoin d’une équipe pour assurer la survie de ses textes. Ce livre servira d’ouvrage de référence en la matière et se doit de figurer dans les bibliothèques de recherche.

Cynthia Skenazi
University of California, Santa Barbara
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