Abstract

L'objet de cet article est de dégager, à l'aide du premier volet de la trilogie orphique (Le Sang d'un poète), les différents 'jeux' de la poétique coctalienne: à l'image du reste de sa production poétique, les poésies filmées que sont chacun de ses films sont en effet traversées de lignes de rupture, de failles et de faillites. Il s'agit ici à la fois de repérer ces ruptures — où j'opposerai 'tremblement' à 'stupeur', comprise comme un engour-dissement abêtissant des facultés sensibles —, mais encore d'identifier la pratique à dessein par le poète du séisme poétique. Pour Cocteau, il fut toujours question de s'éloigner des 'bêtes effets de poésie' afin de toucher à la poésie véritable, et il se donna dans le cinématographe les moyens d'attester le pouvoir de dérangement de la poésie: tremblement des valeurs établies (raison, opinion bien pensante), de l'identité (psychologique ou sexuelle), du réel et de l"irréel' mais aussi, à terme, du langage poétique et cinématographique. Le Sang d'un poète sert donc ici d'introduction à une lecture de la configuration de la faille chez Jean Cocteau, lecture éclairée par le propre méta-discours du poète sur sa création poétique, et qui légitimerait de voir en Jean Cocteau un épicentre poétique et voyageur qui propagerait ses ondes destructrices dans le but de revivifier nos sens et de nous initier au mystère poétique.

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