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  • Les Identités d'Amélie Nothomb: de l'invention médiatique aux fantasmes originaires
  • Catherine Rodgers
Les Identités d'Amélie Nothomb: de l'invention médiatique aux fantasmes originaires. Par Mark D. Lee. (Collection monographique Rodopi en littérature française contemporaine, 50). Amsterdam: Rodopi, 2010. 295 pp. Pb €60.00; $87.00.

Le personnage médiatique d'Amélie Nothomb et son roman annuel en irritent plus d'un, mais l'étude de Mark Lee explique avec précision, finesse et clarté les ressorts identitaires de Nothomb et nous permet de mieux comprendre la personne et l'oeuvre. Ses analyses sont passionnantes et son livre, structuré très astucieusement, se lit presque comme un roman policier. Lee procède par approfondissements successifs, venant revisiter les mêmes passages clefs. D'abord, il analyse la présentation de Nothomb dans les médias, s'appuyant sur une profusion de documents pour étudier ses origines belges et japonaises, son apparence physique, ses habitudes vestimentaires excentriques, ses goûts alimentaires peu ragoûtants et ses manies d'écriture. Lee est visiblement fasciné par le personnage, car le chapitre est long. Il montre que Nothomb a subi dans les médias une mise en question identitaire qui rejoint une insécurité personnelle. Pour mieux saisir ce questionnement identitaire nothombien, Lee se tourne vers Métaphysique des tubes, texte autobiographique sur lequel il va se concentrer. Il interprète les trois naissances de la narratrice comme une tentation de déligitimation de ses parents biologiques. Il trouve confirmation de cette hypothèse dans les fictions de Nothomb, qui sont peuplées d'orphelins ayant perdu ou assassiné leurs parents. En fait, Nothomb se forge un roman familial japonais, notion que Lee emprunte à Freud, mais qu'il retravaille au féminin avec l'aide de Marianne Hirsch. Non seulement Nothomb élit sa gouvernante, Nishio-san, comme mère japonaise — pour la couverture de son livre Lee utilise d'ailleurs une touchante photographie des visages de Nothomb enfant et d'une Nishio-san très maternelle — mais elle 'japonise' (p. 165) son père. Nishio-san transmet à Nothomb, avec l'histoire tragique de son enfouissement répété sous les bombardements lors d'un raid américain en 1945, un récit primordial, qui ressurgit dans les différents récits de noyade de la narratrice. Lee fait alors appel à la notion d'inquiétante étrangeté pour analyser l'insistance du texte nothombien sur ces scènes de naissance et de mort et le trouble qu'elles indiquent quant à la naissance de la narratrice. Puisant dans la biographie de l'auteure, Lee remonte à la tragédie de Nothomb, qui, à sa naissance, a déçu des parents qui attendaient un petit Jean-Sébastien et non une fille, qu'ils affublèrent en hâte du prénom Fabienne. Non seulement Nothomb a rejeté ce prénom, mais son oeuvre montre une véritable obsession onomastique. La déception parentale explique aussi le malaise ontologique de Nothomb, qui a été hantée par l'ombre de l'autre enfant, ainsi que par [End Page 409] son ambiguïté sexuelle, puisqu'elle était littéralement un garçon manqué. Le sentiment d'évincement est d'ailleurs proéminent dans l'oeuvre fictionnelle de Nothomb. Finalement, Lee s'interroge sur la valeur qu'a la nationalité belge pour l'auteure exilée du Japon, son pays d'élection. Les interprétations détaillées de Lee sont fascinantes et convaincantes. Le seul bémol à cette étude est qu'elle est parsemée de fautes de français. Sinon, c'est une analyse essentielle et fort abordable pour toute personne qui veut comprendre et aller au delà du personnage médiatique de Nothomb.

Catherine Rodgers
Swansea University
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