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  • Writing a New France, 1604–1632: Empire and Early Modern French Identity
  • Grégoire Holtz
Writing a New France, 1604–1632: Empire and Early Modern French Identity. Par Brian Brazeau. Aldershot: Ashgate, 2009. 132 pp., ill. Hb £50.00.

Concis et très stimulant, l'ouvrage de Brian Brazeau s'inscrit dans le contexte du renouveau des études sur la Nouvelle-France, au même titre que les récentes études de Marie-Christine Pioffet, d'Isabelle Lachance ou d'Éric Thierry. Concentré sur les premières années de l'exploration et de la colonisation, et plus précisément sur les œuvres de Champlain, Lescarbot, Biard et Sagard, l'essai de B. Brazeau présente l'intérêt d'articuler l'histoire des premiers pas de la colonie française au Canada avec les questions de sentiment national ('Frenchness'). En effet, la thèse principale de l'ouvrage porte sur l'éclosion de la Nouvelle-France comme miroir de la France d'Henri IV et Louis XIII, un lieu qui permet à la monarchie restaurée, après quarante ans de guerres de religion, à la fois de se ressourcer dans une 'Nouvelle-France' et donc de s'observer dans le miroir canadien, mais aussi d'expérimenter un nouvel élan colonial et missionnaire dans l'esprit de la Contre-Réforme. Les micro-analyses de B. Brazeau sur la projection des valeurs du dix-septième siècle français sont très convaincantes comme pour ses belles pages sur l'imaginaire agricole (et surtout la symbolique du vin, pp. 23–40), ou celles qui portent sur les questions de traduction (et de colonisation linguistique). Intéressants sont aussi les développements sur la généalogie nationale qui nourrit la pensée des acteurs de la Nouvelle-France et les amène à voir des ancêtres dans les populations amérindiennes: ainsi pensée, la Nouvelle-France se définit bien comme le carrefour où se croisent une réflexion sur les origines et des spéculations sur des conquêtes futures. En travaillant sur les effets de spécularité (voir l'intéressante conclusion sur les effets de 'réflexion'), de ressemblance et de différence entre la France et la Nouvelle-France, B. Brazeau livre un essai très fin qui s'inspire des écrits historiens sur les lieux de mémoire, ainsi que des études coloniales (entre autres celles de Homi Bhabha, Richard White, David Armitage). Parmi les qualités de l'ouvrage, on soulignera l'esprit de synthèse de l'auteur, sa grande maîtrise du champ d'étude et des savoirs historiques, théologiques, économiques et linguistiques qu'il mobilise, mais encore les conclusions subtiles qu'il tire sur les différentes modalités de traduction de l'altérité canadienne. En revanche, on aurait souhaité que l'auteur approfondisse la relation de conflit qu'il voit à juste titre mais qu'il systématise trop entre le parti 'religieux' et le parti 'commerçant': il aurait été judicieux sinon de nuancer cette opposition, du moins de la mieux justifier et de montrer que cette relation d'opposition se fondait aussi sur une interdépendance et des relations plus complexes de complémentarité, voire sur d'autres relations d'opposition (entre régions, entre corporations, voire entre factions de l'entourage royal). Il aurait été aussi convaincant de montrer que cette opposition rejouait dans un cadre différent celle qui avait opposé missionnaires et colons au temps de Las Casas et Vitoria dans la Nouvelle-Espagne du siècle précédent. Ces réserves n'enlèvent rien au mérite de l'ouvrage, que tout chercheur intéressé par l'histoire de la colonisation et de la littérature de voyage a intérêtà lire.

Grégoire Holtz
University of Toronto
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