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  • L'Éternelle Jeune Fille: une ethnocritique du 'Rêve' de Zola
  • Catherine Dousteyssier-Khoze
L'Éternelle Jeune Fille: une ethnocritique du 'Rêve' de Zola. Par Marie Scarpa. (Romantisme et modernités, 119). Paris: Honoré Champion, 2009. 276 pp. Hb €55.00.

C'est une très belle lecture du Rêve de Zola que nous propose Marie Scarpa. Privilégier une approche ethnocritique pour aborder le roman zolien qui semble le plus éloigné du naturalisme et, par conséquent, d'un parti pris ouvertement documentaire ou ethnographique n'est qu'un paradoxe apparent, dénoué dès le début de l'étude. En effet, l'ethnocritique, méthodologie développée par Jean-Marie Privat à la fin des années 1980, et que Scarpa avait déjà adoptée dans son essai précédent sur Le Ventre de Paris, vise à établir un dialogue entre objet littéraire et ethnologie du symbolique. Elle s'intéresse ainsi 'à la présence, explicite ou implicite, dans l'œuvre littéraire de traits de culture hétérogènes (des "culturèmes") et plus précisément à leurs tensions et interactions' (pp. 14-15). Comme le dit encore Scarpa un peu plus loin, 'c'est bien la culture du texte et non la culture dans le texte qui nous importe' (p. 15). Dans le premier chapitre de l'ouvrage (divisé en quatre chapitres intitulés 'La Brodeuse', 'Cendrillon', 'Sainte-Agnès' et 'La Passante'), elle se penche sur les significations de la figure de la brodeuse et démontre de quelle façon les travaux d'aiguille participent à la construction de l'identité féminine, du devenir femme, tout en s'inscrivant dans la dialectique pureté/impureté qui se trouve au cœur du roman. Le deuxième chapitre traite des hybridités génériques du Rêve: 'conte bleu', conte merveilleux qui contient en filigrane l'intertexte de Cendrillon, mais qui ne peut que se terminer par le sacrifice de la jeune fille puisque cette dernière, sur le point de devenir femme, menace à la fois la Mère (Hubertine) et le Père (ou beau-père, dans ce cas), troublé par son désir pour Angélique. Le troisième chapitre se concentre sur la prégnance du modèle générique de la légende hagiographique à travers l'identification d'Angélique à Sainte Agnès. Enfin, le dernier chapitre met en lumière la dimension initiatique du Rêve, récit de rites de passage que la jeune fille, figure intermédiaire, 'transitive' par excellence, ne franchit [End Page 112] pas toujours puisqu'elle finit par se figer dans le rôle de l'éternelle jeune fille. Angélique, 'vierge exemplaire, "expérimentale'", fonctionne ainsi comme le modèle absolu du 'personnage liminaire' zolien (p. 238) et se fait peut-être par conséquent signe d'une crise du romanesque. Certes, là où la critique générique vient prendre la relève (notamment dans les chapitres 2 et 3), il est parfois difficile de voir où se situe la spécificité de l'approche ethnocritique. L'analyse n'en demeure pas moins enrichissante, stimulante et interdisciplinaire et ne peut manquer d'intéresser dix-neuviémistes et théoriciens de la littérature.

Catherine Dousteyssier-Khoze
Durham University
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