In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’Afrique du siècle des Lumières: savoirs et représentations
  • Martin Wåhlberg
L’Afrique du siècle des Lumières: savoirs et représentations. Édité par Catherine Gallouët, David Diop, Michèle Bocquillon et Gérard Lahouati. (Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 2009:05). Oxford: Voltaire Foundation, 2009. xxx + 307 pp. Pb £65.00; $100.00; €80.00.

Une très grande partie du continent africain reste entièrement inconnue des savants du siècle des Lumières. L’Afrique est donc à la fois lieu de découvertes et source d’un imaginaire qui est d’ailleurs plus souvent révélateur de la conscience européenne que de la réalité de l’Afrique. Ce sont ces deux aspects fondamentaux qui sont annoncés dans le sous-titre de ce volume: savoirs et représentations. Les esprits curieux du XVIIIe siècle se sont souvent intéressés davantage aux découvertes faites dans d’autres parties du monde, déséquilibre qui se reflète dans les approches universitaires d’aujourd’hui. Si la traite des nègres et la question de l’abolitionnisme a suscité un grand nombre d’études, les ouvrages sur la conception de l’ensemble de l’Afrique n’abondent pas. D’où l’intérêt de ce livre, issu d’un projet de recherche américain et d’un colloque français. En dépit de l’aspect un peu disparate, problème dont on ne peut que très difficilement s’affranchir dans la publication des actes d’un colloque, les éditeurs ont réussi à donner au livre une organisation globale qui lui fournit une cohérence qui sera [End Page 353] appréciée par le lecteur qui s’intéresse plus à la thématique générale qu’à tel ou tel auteur du XVIIIe siècle. Cette structure est assurée notamment par l’éminente préface générale confiée à Andrew Curran et par les chapitres d’ordre général ou théorique qui introduisent les différentes parties du livre, comme le chapitre de Jean-Claude Halpern sur le savoir éclaté sur l’Afrique qui ouvrent la première partie sur les questions de méthodologie, ou le chapitre de Thomas Hallier sur le discours public sur l’Afrique, placé en tête de la partie intitulé ‘Histoire et Anthropologie’. Les éditeurs ont choisi de mettre l’accent non sur les topoi du discours sur le continent africain, mais sur la manière dont on pense l’Afrique. Ainsi se revendiquent-t-ils de l’œuvre de Foucauld en faisant de la notion de ‘régime de véridiction’ leur outil de recherche: une affirmation, pour être vraie, doit pouvoir s’inscrire dans un discours qui est déjà établi. Dans l’ensemble de l’anthologie ce sont cependant les auteurs qui parlent le moins de Foucauld qui réussissent le mieux à dévoiler comment ce principe structure le savoir sur l’Afrique. C’est notamment le cas dans un des meilleurs articles, celui de Jean-Michel Racault sur le mythe des Pygmées de Madagascar. En abordant dans le détail le rôle de ce mythe dans la pensée de Commerson et de Buffon, cette étude fait partie de celles qui défendent le choix du mot ‘savoir’ dans le titre de l’anthologie. Les éditeurs ont le mérite d’avoir su réunir des spécialistes affirmés dans différents domaines (par exemple Stéphan Pascau pour Henri-Joseph Dulaurens), ouvrant ainsi de nouvelles voies dans l’étude du savoir sur l’Afrique. Il reste à voir si ce livre deviendra la nouvelle référence pour l’Afrique au siècle des Lumières. Le livre de Michèle Duchet de 1971, Anthropologie et histoire au siècle des Lumières (Paris: Maspero), sera probablement encore longtemps de mise.

Martin Wåhlberg
Université des sciences et techniques de Norvège, Trondheim
...

pdf

Share