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  • Le Second Triomphe du roman du XVIIIe siècle
  • Brigitte Weltman-Aron
Le Second Triomphe du roman du XVIIIe siècle. Études présentées par Philip Stewart et Michel Delon. (SVEC, 2009.02). Oxford: Voltaire Foundation, 2009. 298 pp. Pb £60.00; $90.00; €70.00.

Ce volume très documenté analyse le roman du dix-huitième siècle comme objet d’étude historique plutôt que littéraire. Il se situe dans le sillage de travaux pionniers, particulièrement Le Dilemme du roman de Georges May, qui examine l’impact du discours critique sur l’évolution du roman au dix-huitième siècle, thèse souvent reprise ou contestée par les auteurs de ce recueil. L’approche des contributions est remarquablement cohérente: les auteurs sont chargés de dresser le bilan d’‘un état présent critique de la recherche’, et annoncent des programmes de recherches à venir ‘dans une perspective historique’ (Stewart, p. 11). L’article de Ferrand énonce le plus clairement les reproches adressés à une certaine critique littéraire, ‘théorique et fortement déshistoricisée’ (Ferrand, p. 77), et qui ne tient pas assez compte de ‘la lecture du roman dans son temps’ (Ferrand, p. 67). Leborgne déplore également que l’oeuvre d’Isabelle de Charrière soit ‘livrée . . . aux tenants des gender studies’ (p. 243). Ferrand recommande donc aux critiques littéraires et aux historiens du livre et du lectorat de l’époque de dialoguer (p. 80), comme l’entreprend Van Dijk en analysant les lettres des correspondantes de Charrière. D’autres contributions reconnaissent pourtant que la critique ou théorie littéraire a su intégrer l’apport d’autres disciplines, y compris l’histoire, mais aussi la linguistique, la philosophie, etc. Par exemple, l’étude de Delon sur le détail et le réalisme au dix-huitième siècle cite plusieurs critiques (pp. 17–18) insistant sur la spécificité de ce réalisme par rapport à celui du siècle suivant (leur démarche n’est donc pas anhistorique). Des analyses théoriques, comme celle de la parodie par Bakhtine, peuvent ‘fertiliser’ (Peeters, p. 108) la recherche en mettant l’accent sur des mécanismes ignorés de légitimation du roman au dix-huitième siècle. Dans leur synthè se de travaux antérieurs, Herman, Kozul et Kremer déplacent la thèse du dilemme de May (p. 49), et relèvent une double postulation (accréditation et légitimation) [End Page 209] étayant la réflexion menée à l’époque sur la fiction dans ses rapports complexes à la vérité, et impliquant l’auteur comme le lecteur. Dans la perspective historique adoptée dans ce volume, de riches contributions redéfinissent l’objet livre, par exemple la relation du roman à l’illustration (C. Martin), ou l’analyse des ‘produits dérivés’ du roman (Seth, p. 151). D’autres tirent de la forme même du roman ou de l’inclusion de la fiction dans des textes non-fictionnels des indications sur le lectorat: Dionne examine le sens que le lecteur de l’époque pouvait attribuer à un ouvrage divisé ou non en chapitres et en livres, tandis que De Baere et Sermain étudient respectivement la part de fiction et ce qu’elle implique pour l’expérience de la lecture dans les ouvrages scientifiques et la presse de l’époque. De même, Kozul s’intéresse à l’interpénétration du religieux et du romanesque. Ajoutons à l’admirable exposition du roman comme objet culturel entreprise dans ce volume l’analyse des rééditions de romans de 1701 à nos jours (A. Martin), et l’ouverture à des perspectives transnationales que permet l’étude des traductions de romans (Stewart).

Brigitte Weltman-Aron
University of Florida
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