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  • Le Reliquat scintillant: pour une renaissance de la critique littéraire
  • Alain Viala
Le Reliquat scintillant: pour une renaissance de la critique littéraire. Par Olivier Larizza. Saint-Genouph: Nizet, 2005. 168 pp. €18.00.

Cet bref essai se présente comme un plaidoyer pour la critique littéraire. Il se divise en trois sections. La première, intitulée 'Diagnostic', constate la crise profonde de la critique littéraire aujourd'hui en France. La deuxième, sous le titre 'Prescription', propose des remèdes. La troisième (4 pages et demi) a, sous le titre d' 'Ouverture', la fonction d'une conclusion. Elle est suivie par une 'Annexe méthodique', une bibliographie des articles et ouvrages cités, et un Index des noms propres. Le but déclaré est ici d'appeler à un regain, ou un réveil, voire une 'résurrection' (p. 64) de la critique, dans ses formes académiques. Et il est de fait que la critique littéraire connaît aujourd'hui en France une situation difficile, une désaffection qui frappe les hebdomadaires et revues spécialisés aussi bien que les collections de livres. Cet appel enthousiaste à la résurrection est lancé au nom du désir, que l'auteur revendique dans son préambule, d'une critique qui lui permette de 'faire œuvre, prétention artistique qui [lui] paraît naturelle s'agissant de littérature' (p. 10) et donc d''estomper la frontière entre critique d'accueil et critique d'étude, "critique mondaine" et "critique professionnelle"' (p. 11). La seconde section met en avant l'idée que la critique doit assumer le jugement de valeur, l'affirmer en affichant sa subjectivité, et ainsi 'faire œuvre' par un dialogue [End Page 118] personnel du critique avec l'écrivain. Une telle posture fait qu'en dépit de l'appellation médicale de 'Diagnostic' de sa première section, l'ouvrage ne propose pas une analyse méthodique des causes de la crise, et que son 'diagnostic' consiste en fait en une critique des démarches théoriciennes, et en particulier structuralistes, qui ont dominé dans l'université francaise voici une génération, et son argumentation ne prend pas en compte les causes qui tiennent aux changements dans les pratiques culturelles. Certes nul ne peut douter de la véracité du constat de la crise de la critique. Certes encore nul ne peut sous-estimer l'intérêt de plusieurs remarques nourries de l'expérience de l'auteur (il est angliciste), notamment dans la comparaison entre Nouvelle Critique et New Criticism. Mais, en dépit de l'enthousiasme qui parcourt le livre, il n'y apparaît pas de proposition vraiment neuve faute d'une reflexion sur des questions comme: qui fait quoi? pour qui? pour quoi? De plus, s'affirme ici le désir de tracer une démarcation entre une littérature légitime, consacrée, sacralisée et donc toute aimable et qui mérite bien alors le beau nom de 'reliquat scintillant', et tout le reste, rendu illégitime du même coup: or si une telle opération fournit la condition de la part d''œuvre' dont rêve le critique et si, certes, la complexité des œuvres y maintient la richesse de l'objet, elle suppose aussi une configuration qui, si elle s'instaurait, estomperait sans nul doute l'enjeu que représente le besoin de comprendre l'esthétique et l'éthique dans leur dimension collective aussi bien qu'individuelle.

Alain Viala
Lady Margaret Hall, Oxford
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