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  • Mauvais genre: La Satire littéraire moderne
  • Pierre Schoentjes
Mauvais genre: La Satire littéraire moderne. Edited by S. Duval and J.-P. Saïdah. Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008. 466 pp. Pb €26.00.

Comme son (sous-)titre ne l'indique pas, le 27ième numéro des cahiers 'Modernités' est un volume d'actes qui fait suite au colloque organisé à Bordeaux du 16 au 18 mars 2006. L'ouvrage reprend 28 communications regroupées en 6 sections et s'ouvre sur l'étude de Fr. V. Bogel, un auteur qui, avec C.A. Knight, fait autorité dans le domaine de la satire outre-Atlantique. C'est le mérité des éditeurs d'avoir traduit ce texte synthétique susceptible de diriger les chercheurs vers des travaux importants. L'ambition affichée par Mauvais genre est double : d'une part 'explorer la poétique satirique au sein de la modernité' (p. 13), de l'autre 'sensibiliser à la richesse des réalisations' (p. 14). L'ouvrage, qui comporte des études allant de Swift à Ligeti, ne précise toutefois à aucun moment de quelle modernité il s'agit, pas plus qu'il ne problématise la question de l'intérêt de la satire comme outil de la critique contemporaine. Inévitablement, le recueil porte le poids de sa genèse: comme dans la 'macédoine' à laquelle réfère étymologiquement 'satura', l'hétérogénéité domine. Les éditeurs ont tenté d'y remédier en proposant un cadre 'métacritique' et 'réflexif ' et en introduisant les sections par des résumés censés lier les articles. Compte tenu de la disparité des approches et de l'absence de base théorique commune, cet effort ne porte malheureusement pas. Si le titre met l'accent sur le 'mauvais genre' que constitue la satire, force est de constater avant tout le ton feutré que l'ancienneté de la plupart des polémiques et le conformisme des approches donnent au volume, un conformisme qui d'ailleurs n'empêche pas nécessairement le sérieux. Les meilleures contributions sont signées de spécialistes qui possèdent une familiarité ancienne avec le domaine de la satire et de la parodie: Martinez relisant Swift, Grojnowski interrogeant les stratégies de Villiers, ou Sengsue disséquant le Macbett d'Ionesco. Malheureusement, l'ensemble des participants n'a pas la connaissance générale du champ où se côtoient satire, parodie, ironie, comique, humour, . . . Dans bon nombre d'études, il n'est d'ailleurs pas certain que 'satire' soit le meilleur terme disponible pour rendre compte des procédés observés. Les références 'théoriques' se limitent trop souvent à quelque formule d'hommage complaisant à l'étude de Duval et Martinez (La Satire, A. Colin, 2000), le premier de ces auteurs étant à l'initiative du colloque. L'importante masse de recherches disponibles autour de la question de la satire en anglais reste hors champ. Alors que l'article liminaire de Bogel rappelle ces avancées théoriques récentes et —surtout —suggère des perspectives originales (p. 29 sv), le volume n'emprunte aucune de ces voies. L'intérêt de l'ouvrage réside donc d'abord dans l'éclairage que les études de cas [End Page 509] apportent —hors spécificité de la satire —sur les auteurs et les oeuvres particulières; il ne convainc pas dans sa volonté de donner une pertinence critique renouvelée au concept de satire. Celle-ci serait sans doute à rechercher dans un univers plus contemporain, et qui ne se restreindrait pas aux belles-lettres.

Pierre Schoentjes
Ghent University
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