Abstract

Au dix-neuvième siècle, en France, la mort d'un acteur connu montre une normalisation de la place accordée au sein de la société à un personnage héritier d'une suspicion civile et religieuse séculaire. Depuis la Révolution, la loi d'égalité des citoyens et le pouvoir de l'É glise très amoindri, il ne s'agit plus de faire acte de renonciation au métier, de trouver des subterfuges ou de se cacher derrière des demi silences afin de bénéficier des rites communs à l'ensemble des membres de la société. Le rituel mortuaire, effectif et discursif, témoigne de la nouvelle position.

De manière encore plus significative, à travers les échos nécrologiques des journaux, l'époque exprime son souci de respectabilité. En un siècle où le théâtre occupe une place éminente dans la sociabilité et la psychologie des contemporains, les proches, les camarades de troupe ainsi que les journalistes s'emploient à renvoyer une image conformiste de l'artiste défunt, que celle-ci soit ou non proche de la réalité des faits. Le cas de quelques interprètes de la comédie et du vaudeville —genres particulièrement prisés et servis par des talents remarquables —nous introduit à la fois dans l'évolution du statut social de l'acteur et dans les préoccupations comportementales de ses compatriotes.

pdf

Share