Abstract

La Bible est l’une des sources majeures de Salammbô. Pas n’importe quelle Bible: celle de Samuel Cahen (parue de 1831 à 1851). En quoi la Bible de Cahen peut-elle servir pour écrire Carthage? D’abord, parce que cette nouvelle traduction est une véritable encyclopédie du monde antique où tous les savoirs contemporains sont convoqués. Ensuite, parce qu’une traduction littérale de l’hébreu est une promesse d’accès à la langue de Carthage. Qu’est-ce que le punique en effet? Une branche de la famille des langues sémitiques, si proche de l’hébreu que tous les savants consultés par Flaubert affirment la quasi-identité des deux langues. Or, Cahen restitue l’hébreu dans sa matérialité, dans sa capacité à dire la matière, à faire adhérer les mots et les choses. Les notes de lecture de Flaubert sur la Bible de Cahen en vue de Salammbô montrent une attention passionnée pour les versets qui, rendant le texte à la matière, le rendent aussi à sa plus grande étrangeté: Carthage réinventée par Flaubert exprimera l’altérité absolue, en même temps que le vertige de l’appropriation de la substance du monde.

pdf

Share