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Reviewed by:
  • Grammaire française (1623)
  • Gilles Siouffi
Joannes Serreius [Jean Serrier]: Grammaire française (1623). Texte latin original présenté, traduit et annoté par Alberte Jacquetin-Gaudet. Paris, Champion, 2005. 462 pp. Hb €84.00.

La Grammatica gallica de Serreius, dont la première édition date de 1598, est l'un de ces ouvrages qui témoignent du dynamisme que connut, entre les XVIe et XVIIe siècles, l'enseignement du français dans cette vaste zone de contacts de langues qui va de Genève à Anvers. L'auteur en est un Lorrain qui, comme Sylvius avant lui, fut médecin en plus de professer le français. L'ouvrage rencontra un grand succès à l'époque, connaissant plusieurs rééditions, jusqu'à ce que celui des Remarques de Vaugelas (1647) l'éclipse. Il avait attiré l'attention de F. Brunot, et, récemment, celle de P. Swiggers, avant que le travail d'A. Jacquetin-Gaudet ne lui fasse rejoindre, dans la collection dirigée par C. Demaizière chez Champion, ses illustres prédécesseurs Robert Estienne (voir FS, LVIII (2004), 402), Jean Pillot (1561) et Jean Bosquet (1586). Plusieurs chantiers en cours, aux éditions Champion nous permettent ainsi d'avoir accès à un nombre conséquent d'ouvrages grammaticaux des XVIe et XVIIe siècles. Serreius ne fait pas partie des 'novateurs', terme par lequel il fustige, dans sa préface, quelques tentatives contemporaines qui 'accablent la langue française plus qu'ils ne l'embellissent' (Meigret). Son but est de 'réduire' le nombre de règles au moyen desquelles expliquer le français, étant entendu que, pour lui, la pratique seule ne suffit pas, et doit s'enrichir des 'principes'. Serreius est fier d'avoir fait court (127 pages), et ne prétend pas avoir fait œuvre originale. Son ambition est modeste : offrir aux étudiants, sous la forme la plus claire et la plus condensée possible, une description méthodique du français. Le travail d'A. Jacquetin-Gaudet propose le facsimilé de l'édition de 1623, la dernière parue du vivant de l'auteur, accompagné d'une traduction, d'une riche introduction poussant loin l'enquête biographique et intellectuelle, d'une bibliographie et d'une série d'index (des noms de personnes, géographique, des termes latins utilisés dans la description grammaticale d'origine, des mots français proposés comme exemples). Serreius conserve l'appareil traditionnel [End Page 510] latin de la description des parties de langue, l'ouvrage souffrant, comme le note l'éditrice, des défauts habituels à cette époque: absence presque totale de définitions, manque de netteté dans la maîtrise de la catégorie nominale, confusion des adjectifs et des pronoms, analyse insuffisante des invariables, mais présentant une section 'syntaxe' plus développée que celle de ses contemporains. Cet attachement à la présentation traditionnelle devait convenir aux étudiants allemands, habitués aux langues flexionnelles, tout comme l'attention portée, dans la partie prononciation, au fait qu'en français, toutes les lettres ne se prononcent pas. De façon générale, Serreius revendique le pari d'avoir essayé de 'faire correspondre notre langue à la langue allemande'. Enfin, l'édition de 1623 ajoute à la grammaire une 'nomenclature', vocabulaire bilingue classé, dont la présence devait conforter le succès de l'ouvrage, et dont A. Jacquetin-Gaudet donne en annexe le plan. Pour les historiens de la grammaire, la réédition de l'ouvrage de Serreius est précieuse: on peut y voir l'un des derniers témoins de l'attachement au latin qui gouvernait la description des langues à usage pédogogique en Europe, avant les grands remaniements du XVIIe siècle.

Gilles Siouffi
Université dé Montpellier III
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