Abstract

Cette étude porte sur la politique de l'école coloniale en Indochine durant la période de l'entre-deux-guerres, et s'appuie sur la notion de la "violence symbolique" telle que Pierre Bourdieu l'a définie. Elle commençe avec une discussion des tentatives du gouvernement indochinois visant à former et réformer par le biais de l'action pédagogique les valeurs sociales et culturelles du sujet colonisé. L'analyse porte sur les directives de la Direction Générale de l'Instruction Publique, ainsi que sur les manuels scolaires et les bulletins pédagogiques officiels. Maints critiques littéraires postcoloniaux soutiennent que le but de la "mission civilisatrice" était de faire des indigènes des Français par un processus d'acculturation pédagogique et de répression des cultures locales. L'article démontre que la violence symbolique coloniale avait un autre objectif. Il consistait, d'une part, à faire admettre aux colonisés la supériorité de la culture métropolitaine sans leur y donner accès, et d'autre part, à enjoindre à ces derniers un "retour" à "leur culture ancestrale," mais remaniée de façon à promouvoir l'hégémonie française.

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