Abstract

Le présent article se propose de montrer à quel point le jugement que Jean-Jacques Rousseau porte sur l’humour et sur le rire peut nous aider à éclairer sa réflexion philosophique, notamment la genèse de l’émotion et le rôle que celle-ci peut jouer dans la conduite morale de l’individu. L’analyse généalogique de la passion du rire dans l’œuvre de Rousseau—qui s’inscrit de manière cohérente dans sa conception « vectorielle » de l’émotion—nous signale la nécessité de séparer nettement la réalisation positive de la bonne humeur, c’est à dire la gaieté, de sa dégénérescence négative, à savoir la moquerie. Dans le premier cas, il s’agit d’une émotion positive et légitime qui reprend le caractère naturel d’une passion pré-morale en l’élevant à outil d’édification de la socialité humaine; dans le second, il s’agit, au contraire, d’un sentiment artificiel et conventionnel qui fausse l’émotion et la transforme en un instrument de domination sur le prochain.

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