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  • Madame d’Arconville: Une femme de lettres et de sciences au siècle des Lumières par Patrice Bret et Brigitte Van Tiggelen
  • Éliane Viennot (bio)
Madame d’Arconville: Une femme de lettres et de sciences au siècle des Lumières, éd. Patrice Bret et Brigitte Van Tiggelen, préface d’Élisabeth Badinter Paris: Hermann, 2011. 198pp. 23€. ISBN 978-2-7056-8085-5.

Marie-Geneviève Thiroux d’Arconville (1720–1805), fille d’un fermier général parisien, orpheline de mère à quatre ans, épouse à quatorze d’un président au Parlement de Paris, autodidacte et travailleuse acharnée, est l’autrice encore très méconnue d’une œuvre étonnamment vaste et diverse publiée anonymement ou demeurée manuscrite. Le précieux corpus de ses écrits, établi par Patrice Bret et Émilie Joly, dénombre 20 volumes imprimés d’œuvres personnelles ou traduites, dont certains regroupent plusieurs textes, comme les Romans traduits de l’anglais, qui en contenaient trois. À quoi s’ajoutent des œuvres publiées d’attribution incertaine, deux manuscrits inédits conservés à la BNF (une correspondance et une traduction d’un ouvrage d’histoire) et surtout douze volumes manuscrits récemment redécouverts, les Pensées, réflexions et anecdotes de Mme d’Arconville, qui renferment des dizaines de textes de son cru: fictions, pièces de théâtre, poésies, récits autobiographiques, essais d’histoire, de philosophie, de morale, de science, de critique littéraire et artistique. Autant dire qu’on est encore loin d’avoir exploré ce continent, et encore plus loin de pouvoir aboutir à des conclusions sur l’une ou l’autre des cordes que cette femme avait à son arc, voire sur les logiques qui président à l’ensemble de son œuvre ou au choix de les faire imprimer ou non.

Il convient donc de saluer l’entreprise initiée par le Centre Koyré avec ce premier ouvrage consacré à la « Présidente d’Arconville ». Issu d’une part d’une journée d’étude organisée en 2010 à la Cité des sciences et de l’industrie autour de son œuvre scientifique, et d’autre part d’une commande de trois études à des spécialistes d’autres domaines, il comprend huit articles, précédés d’une introduction et d’une préface, et suivis, outre du corpus déjà évoqué, d’une notice bio-bibliographique sur les signataires, ainsi que d’un index des noms de personnes. Disons d’emblée que, malgré l’apport des trois contributions additionnelles, malgré le nom de « chapitres » donnés aux articles, et l’organisation du tout en trois parties dotées d’un titre, l’entreprise n’a abouti ni à une présentation équilibrée des diverses facettes de la production de Mme d’Arconville, ni à une introduction aisée à cette personnalité hors du commun. Seul le premier article, de Marie-Laure Girou-Swiderski, en tient lieu, de manière évidemment succincte: « La Présidente d’Arconville, une femme des lumières ? » est une synthèse de sa vie, de [End Page 634] sa carrière et de son œuvre. Elle se termine sur une réflexion relative à l’unité de cette dernière, par-delà la variété des domaines abordés: la chercheuse voit partout à l’œuvre « le besoin d’apprendre et de comprendre, et la volonté d’être utile ».

Le second article, au titre peu clair (« Mme d’Arconville et les sciences. Raison ou résonnance? »), d’Élisabeth Bardez, passe en revue toutes les sciences abordées par l’héroïne (anatomie, chimie, médecine, botanique, pharmacie), en relation avec ses efforts pour s’instruire et les relations qu’elle a entretenues avec les grands savants de son époque (Rouelle, Macquer, Jussieu), avant de s’interroger sur le statut donné à ses activités scientifiques—peut-être plus déterminées par une recherche morale que purement intellectuelle. Les deux suivants se focalisent sur deux traductions: celle de l’Anatomy of the Human Bones d’Alexander Monro (Nina Rattner Gelbart, « Splendeur et squelettes: la “traduction” anatomique de Madame Thiroux d’Arconville ») et celle des Chemical Lectures de Pierre Shaw (Margaret Carlyle, « Femme de sciences...

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