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Fortune des Illustres: la traduction anglaise des Illustres Françaises Shelly Charles Etrange sort que celui de Robert Challe, dont l'œuvre, parue en 1713, porta le nom de sa traductrice anglaise plus de deux siècles avant de porter le sien. «Written Originally in French, and translated into English by Mrs P. Aubin», lit-on sur la page de titre de la première édition de The Illustrious French Lovers (1727). Une telle promotion s'explique quand on sait que la traductrice est non seulementl 'une des romancières les plus prolifiques et les plus populaires du moment, mais aussi, sans doute, la seule dont l'œuvre paraisse moralement irréprochable. Et cependant, le peu qu'on connaît aujourd 'hui de Penelope Aubin, fille d'un officier français exilé, nous vient d'une source française: un article facétieux du Pour et contré de Prévost, où l'œuvre d'une romancière qu'il pratiquait sans doute amplement est négligée au profit d'un débat sur son physique disgracieux ... Curieux trajet que celui de The Illustrious French Lovers, traduction qui revint en quelque sorte à sa littérature d'origine grâce à la lecture qu'en fit Prévost dans sa propre œuvre romanesque, et qui fut, pour ce dernier, comme, deux siècles plus tard, pour la critique,2 l'occasion d'une redécouverte des Illustresfrançaises. 1 Le Pour et contre, t. 4, n° 58, pp. 294-97. 2 Voir l'article fondamental d'Henri Roddier, «Robert Challes inspirateur de Richardson et de l'abbé Prévost», Revue de littérature comparée 2\ (1947), 5-38. EIGHTEENTH-CENTURY FICTION, Volume 14, Number 1, October 2001 96EIGHTEENTH-CENTURY FICTION C'est sans doute cet effet de miroir que vient rendre le curieux titre de la récente édition de The Illustrious French Lovers par Anne de Sola: A Critical Edition ofPenelope Aubin's Translation ofRobert Challe's«Les Illustres françaises/The Illustrious French Lovers»* Titre insolite, qui étonne d'ailleurs d'autant plus qu'un texte liminaire français précise: «l'objet de cette publication n'est pas de donner une édition critique de The Illustrious French Lovers» . . . La rédaction des notes suit le même principe de dédoublement et ces phénomènes de miroir peuvent parfois encore provoquer une certaine désorientation. «Cette édition», affirme Anne de Sola,«privilégie le double choix linguistique du français et de l'anglais dans son apparat critique. Dans les notes au bas des pages, l'on trouvera des explications sommaires en anglais et/ou en français». Pourquoi une telle démarche? Qu'est-ce quijustifie le recours tantôt à une langue tantôt à une autre? Il y a là un véritable risque de confusion , surtout quand, pour expliquer un mot anglais, on explique le mot français correspondant («A Cornet of Horse», p. 60, renvoie à une note expliquant le mot «cornette»; or, ce mot n'apparaît même pas dans le texte de Challe). Le lecteur reste aussi perplexe devant la nécessité d'expliquer «la Fronde» (p. 221) en français, ou le verbe «to cavil» (p. 241) en anglais, d'autant plus que l'on en donne l'étymologie («to mock, jest, rail») au lieu du sens. Le dictionnaire de référence (Oxford, 1989) est, par ailleurs, souvent cité de façon approximative et l'on peut déplorer que l'on n'y ait pas recours pour expliquer les mots français passés dans l'anglais. L'éditrice leur donne sa propre traduction, ce qui empêche le lecteur de comprendre qu'ils sont d'usage dans l'anglais de l'époque (voir, par exemple, «morbleu», p. 39). Le repérage des «difficultés» n'est, par ailleurs, pas toujours évident. On peut ainsi s'étonner de trouver la traduction française de «capuchin», une note pour expliquer ce qu'est «la nécromancie», une autre qui détaille la liste des pronoms personnels du tutoiement en anglais (p. 359)... Quelquefois, le lecteur peine même à comprendre sur quoi porte l'explication. Ainsi, dans la description du nouvel...

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