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REVIEWS 509 de «l'espace proche», de «l'espace ressemblant» et de «l'espace exemplaire». Cette autre cohérence, moins cohérente, cette autre logique, moins logique, rend le discours moins saisissant, moins achevé, atténue l'impression de vertigineuse unité dont H. Lafon faisait preuve jusque-là. Mais l'auteur paraît conscient de cette difficulté. Dans son épilogue, il va audevantdes reproches qu'il anticipe avec ludicité: «il ne fautdécidémentpas essayer de donner une image unitaire de l'espace romanesque que le roman au tournant du siècle lègue au xixe siècle postnapoléonien. Ce n'est pas un espace romanesque constitué, donné à continuer, mais une poétique exercée formant un ensemble où tous les possibles ont déjà été au moins esquissés sinon explorés à fond. Nous avons essayé de le montrer en décrivant des configurations et des types qu'il faut imaginer comme se croisant, se contaminant, se recouvrant, s'enchevêtrant. Ils font que Gespace-fiction est devenu un langage complexe, qui a sa grammaire et ses styles, est capable de tout dire» (p. 197). Malgré les difficultés de la deuxième partie, peut-être inévitables, le tableau des Espaces romanesques du xviif siècle présenté par H. Lafon se révèle riche en documentation, précieux en information. Certes quelques lecteurs pourront rester sur leur appétit, s'ils attendent de l'auteur qu'il leur présente une définition du syntagme «espace romanesque». Certes quelques autres auraient espéré que l'auteur explique en quoi les espaces romanesques qu'il décrit représentent l'image d'une certaine conception du monde, ou encore, en quoi la conception du monde du xviir5 siècle influe sur les configurations et types de l'espace romanesque. Certes cet axe de recherche, que Roland Bourneuf décrivait déjà en 1970, n'a pas encore été exploré. Mais une chose demeure certaine, cependant. Ceux et celles qui voudront s'y consacrer ne pourront passer sous silence les Espaces romanesques duxviif siècle. Puisque cet ouvrage s'inscrit déjà comme uneréférence essentielle. Paul Fortier Collège de Rimouski Laurence Mail. Origines et retraites dans «La Nouvelle Héloïse». Bern et New York: Peter Lang, 1997. Eighteenth-Century French Intellectual History, vol. 5. 211pp. ISBN 0-8204-3349-7. Claire Elmquist. Rousseau père etfils. Odense: Odense University Press, 1996. Études Romanes de l'Université d'Odense, vol. 23. 277pp. ISBN 87-7838-213-0. Un livre de critique ne saurait procurer de plaisir plus complet qu'en alliant le bonheur de l'écriture au sérieux de l'information et à la finesse de l'analyse. Ce plaisir, Laurence Mail le dispense généreusement dans un ouvrage qui s'impose comme l'un des meilleurs écrits sur La Nouvelle Héloïse. 510 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 10:4 Dans la foulée de Maurice Blanchot et de Jacques Derrida, l'auteur envisage le texte dans sa fonction de restitution d'une réalité dont, par son existence même, l'écriture manifeste et déplore l'absence. La lettre en particulier renvoie à un prétexte auquel elle se réfère pour constater son irrémédiable dégradation. Julie et Saint-Preux s'écrivent parce qu'ils ont cessé d'être présents l'un à l'autre. Aussi bien, ils ne peuvent l'être que dans et par les mots, comme si le corps de la lettre était la véritable offrande. L'amour, qui est accord entre deux âmes, s'accomplit en sortant du silence en quoi consiste sa perfection première. L'amour est fait pour être dit, et l'aveu passe par les signes corporels, regards, rougeurs et autres symptômes plus ou moins incontrôlables, avant de se traduire en paroles. Le trajet qui mène du silence à la lettre retrace donc, pour Julie, l'histoire de son innocence perdue. Pour Saint-Preux, celle d'une rupture de contrat—de ce contrat aux termes duquel lajeune fille devenait pour lui le «sacré dépôt» dont il devrait quelquejour rendre compte auprès du baron d...

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