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272 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 4:3 Thomas Moore. Dark Eros: The Imagination ofSadism. Dallas: Spring Publications , 1990. 190pp. US$14.50 (paper). ISBN 0-88214-343-3. U est difficile de faire le compte rendu impartial d'un livre sur Sade qui ne tient absolument aucun compte de la critique sadienne récente, pourtant si abondante. Sade, Fourier, Loyola de R. Barthes, qui date de 1971, est en effet le seul ouvrage consacré à Sade (en partie tout au moins) qui figure dans la bibliographie. Cette absence flagrante pourrait expliquer pourquoi Thomas Moore présente Sade, au premier chapitre de Dark Eros, comme un auteur toujours maudit, que l'on continue à lire en secret, comme si une telle lecture constituait en elle-même une transgression. On ne peut s'empêcher de sourire car si les principaux textes de Sade sont maintenant disponibles dans des collections de poche, et si Gallimard a pris la décision de publier l'œuvre intégrale de cet auteur dans la Pléiade, c'est qu'il fait bien désormais partie de la littérature "officielle." L'absence de référence à la critique sadienne est particulièrement regrettable quand Moore se penche sur la transformation qu'opère Sade du désir en écriture. Cette question, en effet si cruciale pour la compréhension de son œuvre, avait déjà été abordée de façon fort intéressante par Béatrice Didier dans Sade. Une écriture du désir (1976), par Annie Lebrun dans Soudain un bloc d'abîme, Sade (1986), et par José Harari dans Scenarios of the Imaginary (1987). On déplore aussi l'absence de référence à Pierre Klossowski quand Moore parle, très justement d'ailleurs, de la nature religieuse de l'entreprise sadienne et qu'il conclut: "A case could be made that Sade was above all else a theologian" (p. 167). Klossowski n'avait-il pas émis la même hypothèse dans Sade, mon prochain (1947)? Mais nous devons souligner que le propos de Thomas Moore n'est aucunement littéraire. Profondément influencé par la psychanalyse jungienne et en particulier par les ouvrages de James Hillman, Moore, lui-même psychothérapeute, entend montrer que l'œuvre sadienne est une cosmologie erotique de l'âme (p. 25). L'auteur de Dark Eros voit en Sade le précurseur des fondateurs de la psychologie archétypale, un mythographe génial dont la fiction théâtralise certains besoins de notre civilisation. Parallèlement, Moore dans son analyse de la religion, de l'éducation, et de la psychothérapie, traque les éléments de sadisme de la culture occidentale. Mais pour les dixhuitiémistes, lecteurs de Sade, la partie la plus intéressante du livre de Thomas Moore est celle où l'auteur analyse ce qu'il considère l'aspect saturnien de la fiction sadienne. Pour Moore, c'est en effet Saturne, Dieu des latrines comme de la liberté (p. 63), qui préside à l'œuvre du marquis de Sade. Moore traite en psychothérapeute des thèmes récurrents des romans sadiens: le statut privilégié accordé à certaines parties du corps, la coprophagie des héros, l'effacement des genres sexuels. Ce faisant, Moore contribue de façon originale à la critique sadienne. L'auteur de Dark Eros a en particulier le mérite d'aider, par son interprétation psychanalytique, à mieux saisir l'attitude de Sade envers les femmes et l'homosexualité: "The Saturnine vision disregards pieties about gender love. Instead of seeing the progress of the soul through romanticized images of the feminine, as in courtly love poetry, Sade cold-heartedly imagines me soul's works as anal. Instead of seeing the goal of soul-works as a mating of male and female, as a hierosgamos or sacred marriage, or as a hermaphrodite or yin and yang—images Jung so often cites—Sade presents a genderless idea. All division and duality are abandoned in favor of the union of like with like. Sade's ideal is not homosexuality as much as unisexuality, an erotic union of sames" (p. 59). Marie-France Silver Collège Glendon, Université York ...

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