- École et langues. Des difficultés en contextes dirs. by S. Galligani, S. Wachs et C. Weber
S’interroger sur les difficultés rencontrées dans l’enseignement et l’apprentissage du français, langue de scolarisation, est une difficulté en soi. Cet ouvrage collectif est un lieu de rencontre où plusieurs chercheurs et enseignants discutent d’une multitude de problématiques liées à la façon dont une société perçoit ces difficultés. Mais force est de constater qu’elles ne se retrouvent pas seulement en milieu scolaire. En effet, nous apprenons que les vrais enjeux sont de nature sociétale. Notre vision de la question s’élargit au fur et à mesure que nous nous interrogeons sur l’étendue du problème en compagnie des auteurs qui ont contribué à un volume qui ne propose pas de solutions fermes, mais qui nous invite à nous questionner sur l’essence même d’une difficulté scolaire.
L’ouvrage se divise en deux parties majeures. La première a comme objectif de contextualiser des difficultés en juxtaposant l’école et la langue alors que la deuxième explore des pistes de remédiation. Deux axes de réflexion, à la fois pratiques et théoriques, nous rattachent, d’une part, au monde de l’école de tous les jours – il s’agit d’un [End Page 407] certain nombre de regards croisés sur les véritables difficultés rencontrées sur le terrain — et, d’autre part, aux nouveaux contextes théoriques. A la fin de l’ouvrage, le professeur Jean-Louis Chiss s’interroge sur la notion même de difficulté dans un contexte où la langue, l’école et la société interagissent sur un fond d’éthique et de politique. Nous voici face à un questionnement des questionnements. En somme, c’est un ouvrage qui édifie et déstabilise à la fois. C’est ainsi que le lecteur s’engage malgré lui dans le débat sociétal sur la langue de scolarisation en société, un débat qui nous inquiète, mais qui nous somme de nous engager activement sur le terrain.
D’entrée de jeu, le lecteur canadien voit le lien entre diverses recherches menées par le Centre d’études ethniques des universités montréalaises (CEETUM), dont l’objectif est de mieux connaître le contexte socio-historique et linguistique du Québec, et les recherches axées sur des contextes de scolarisation comparables en Europe. Toutefois, les méthodes de recherche statistiques du CEETUM diffèrent des méthodologies plutôt anthropologiques qui prévalent dans les travaux de recherche menés dans divers centres de recherche européens, notamment le groupe Didactique des langues, des textes et des cultures (DILTEC) à Paris 3 et le Laboratoire DIPRALANG à Montpellier 3 dont les chercheurs se préoccupent davantage de la sociolinguistique descriptive et de l’anthropologie du langage. Toutefois, les problématiques se rejoignent, car l’ensemble de ces phénomènes a un impact réel sur la réussite scolaire, quelle que soit la rive de l’Atlantique où se trouvent l’élève et sa famille. Le fond du problème n’est rien d’autre que l’insécurité linguistique en salle de classe, au foyer et dans les sphères publiques chez les élèves nouvellement arrivés (ÉNA) et ceux qui sont issus de l’immigration dans nos sociétés de plus en plus plurielles. Il en découle un certain linguicisme mal reconnu par les autorités et le milieu scolaire, si bien que plusieurs sombrent dans un mutisme de peur de se faire dévaloriser par leur manque de maîtrise de la langue du pays d’accueil. Les auteurs proposent plusieurs pistes de réflexion pour sortir l’école de cette ambiance d’échec annoncé.
C’est ainsi que la deuxième partie du volume nous engage dans une réflexion sur les perspectives didactiques pour remédier à cet embarras collectif. Le lecteur trouvera utile la...