Abstract

La loi sur le « harcèlement criminel », adopteé au Canada en 1993, a créé un nouveau crime visant particulièrement, mais non exclusivement, a` prévenir la violence et à protéger les femmes en empêchant leurs partenaires intimes ou autrefois intimes de les traquer impunément. Vu son orientation expresse vers cet objectif, la loi sur le harcèlement criminel est particulièrement bien conç ue pour mettre en lumière les questions touchant le potentiel transformateur du droit et la faç on de mesurer le succès des initiatives de réforme du droit visant à réprimer la violence contre les femmes. Le présent article analyse ces questions en envisageant plusieurs aspects du fonctionnement du droit, y compris, les dispositifs des tribunaux, la jurisprudence, les expériences des victimes et le discours judiciaire. On y répond à trois questions empiriques: comment le droit en est venu à représenter le harcèlement criminel ; comment le droit a construit les victimes et les contrevenants, et comment le droit trace la ligne de démarcation entre les comportements « normaux » et le harcèlement criminel ? Les réponses à ces questions sont contradictoires. D'une part, les dispositifs des tribunaux et la jurisprudence portent à croire que le droit prend trés au sérieux le harcèlement criminel. Par contre, les expériences des victimes et une lecture attentive du discours judiciaire révélent un sexisme et un paternalisme latents en droit. Ces contradictions exposent la complexité de l'évaluation du succés des initiatives de réforme du droit et la difficulté d'analyser le potentiel transformateur du droit. L'article conclut qu'il nous faut regarder au-delá des dispositifs dans l'évaluation du droit et nous concentrer sur la maniére par laquelle le droit modifie le sens des phénoménes sociaux particuliers qu'il tente de réglementer.

Abstract

Canada's "criminal harassment" statute, adopted in 1993, created a new crime aimed particularly, but not exclusively, at preventing violence and protecting women from being stalked by intimate or formerly intimate partners. As a result of its explicit orientation towards this goal, the anti-stalking law is particularly well suited to shedding light on questions surrounding the transformative potential of law and how we measure the success of law reform initiatives aimed at addressing violence against women. This article addresses these issues by looking at several dimensions of how the law is working, including court outcomes, case law, victims' experiences, and judicial discourse. It answers three empirical questions: how has the law come to represent stalking; how has the law constructed victims and offenders; and where does the law draw the line between "normal" behaviour and criminal harassment? The answers to these questions are contradictory. On the one hand, court outcomes and case law suggest that criminal harassment is being taken quite seriously. On the other hand, victims' experiences and a careful reading of judicial discourse reveal latent sexism and paternalism in the functioning of law. These contradictions expose the complexity of assessing the success of law reform initiatives and the difficulty with analyzing the transformative potential of law. The article concludes that we must look beyond outcomes when evaluating law and focus our attention on how the law makes meaning about the particular social phenomenon that it aims to address.

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