Abstract

Dans ce texte, Michel Coutu et Thierry Kirat insistent sur l’intérêt central porté par Jean-Guy Belley aux rapports entre droit et économie, dont témoigne entre autres son ouvrage capital sur la pratique contractuelle de la multinationale Alcan. Les auteurs déplorent, à cet égard, le peu d’attention porté généralement par la sociologie économique contemporaine, du moins jusqu’à une période récente, aux phénomènes juridiques. Ce désintérêt contraste avec la grande importance attachée par deux figures historiques de ce qu’est maintenant la « sociologie économique », soit Max Weber et John R. Commons, à l’étude minutieuse des rapports entre le droit et l’économie. En fait, pour Coutu et Kirat, un retour aux analyses fondatrices de Weber et Commons s’avère indispensable à une réinsertion de la dimension juridique dans les analyses socio-économiques. Les auteurs soulignent toutefois plusieurs divergences entre Commons et Weber qui ont trait à l’unité/hétérogénéité de l’économie et du droit, au rôle de l’éthique et à la recherche de « l’englobant » dans la construction des types idéaux, aux types de contraintes (psychique, économique, physique) caractéristiques du droit, enfin à la distinction entre le droit étatique et le droit extra-étatique. Ce dernier élément autorise Coutu et Kirat à concevoir, à l’instar de Jean-Guy Belley, la prise en considération de la pluralité juridique comme représentant un fil conducteur essentiel à l’étude sociologique de l’interaction entre le droit et l’économie. This article focuses on Jean-Guy Belley’s interest in the relationship between law and the economy—an interest illustrated by his major work on the contractual practices of the multinational company Alcan. They lament contemporary economic sociology’s lack of interest—until recently—in legal phenomena, which contrasts with the close attention paid by two historic figures in “economic sociology,” MaxWeber and John R. Commons, to the relationships between law and economics. The authors argue that to fully grasp the importance of the legal dimension in socio-economic analysis, we must return to the foundational insights of Weber and Commons. However, they particularly stress differences between Weber and Commons as to the unity or heterogeneity of law and the economy, the role of ethics, the search for an all-encompassing approach in the construction of ideal-types, the various forms of constraint that characterize law (whether psychological, economic, or physical), and the distinction between state law and non-state law. The latter element is why the authors, like Belley himself, argue that due consideration for legal plurality should be a central thread in any sociological analysis of the interplay between law and the economy.

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