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Reviewed by:
  • Quebec Hydropolitics: The Peribonka Concessions of the Second World War
  • Stéphane Castonguay
Quebec Hydropolitics: The Peribonka Concessions of the Second World War David Massell. Montréal-Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2011, Pp. XV + 248. $32.95

Les enjeux environnementaux de la mobilisation des ressources en temps de guerre intéressent des historiens depuis peu. Quebec Hydro-politics participe à ce questionnement. Son auteur, David Massell, nous est connu pour son livre précédent sur les activités de l’industriel américain James Buchanan Duke dans la région du Saguenay et du lac Saint-Jean (Amassing Power. J.B. Duke and the Saguenay River, 1897–1927, McGill-Queen’s University Press, 2000). C’est d’ailleurs là que se situent principalement les évènements à l’étude, soit la création de réservoirs sur la rivière Péribonka – qui est tributaire de la rivière du Saguenay – pour alimenter les alumineries de l’Aluminium of Canada (Alcan) et celles de sa parente américaine, l’Aluminum Company of America, durant la Seconde Guerre mondiale. Si Massell nous mène sur un terrain qui lui est familier, le contexte historique engage l’auteur à déborder largement cette région du Québec, car le harnachement des rivières saguenéennes s’inscrit dans une logique de guerre totale où l’État canadien tente de mettre à la disposition des industries les ressources nécessaires à l’approvisionnement des forces alliées. L’aluminium, ainsi que l’énergie hydroélectrique nécessaire à sa production, correspondent parfaitement à pareils objectifs. Massell s’emploie à démontrer les négociations entre les paliers de gouvernements, au Canada et aux États-Unis, et l’entreprise privée pour transformer un environnement riverain et alimenter les alumineries qui fourniront le matériel stratégique des avionneries alliées. Encore une fois, Massell [End Page 503] parvient à décrire les transformations du paysage économique et politique d’une contrée québécoise à l’intérieur d’un enchevêtrement de relations internationales et intercontinentales où se conjuguent des décisions – stratégiques, industrielles et financières – globales.

Le premier chapitre porte sur la « préhistoire » du bassin de la Péribonka pour comprendre les modalitésdedéveloppement d’une expertise hydraulique au Québec dans les premières décennies du vingtième siècle. Le déclenchement d’une série de travaux durant l’entre-deux-guerres permet à la commission des eaux courantes et au service hydraulique du ministère des Terres et Forêts d’identifier les sites les plus prometteurs, ainsi que la pénétration, dans le nord de la province, d’un mode de gestion scientifique caractéristique du conservationnisme nord-américain. Aux inventaires parcellaires sur des sites au fort potentiel hydraulique succède une vision d’ensemble de la rivière pour exploiter tout son « pouvoir d’eau » par une planification rationnelle. C’est ainsi que sera appréhendée la rivière Péribonka lorsque l’urgence en temps de guerre accélérera son harnachement pour la production d’énergie hydroélectrique. Dans les chapitres suivants, qui portent sur différents sites du bassin hydrographique de la rivière Péribonka, Massell étudie les négociations menant le gouvernement provincial à concéder – ou non – des terres de la couronne pour la formation des réservoirs à partir des lacs Manouan et Passes dangereuses, respectivement en 1940 et 1943. En dépit des demandes insistantes de l’Alcan, seule la rivière Bersimis sera tenue à l’écart de ces transformations, dont le rythme et l’étendue auront été dictés par la guerre. Grâce à ces réservoirs, l’Alcan disposera d’une hydroélectricité à faible coût pour combler le tiers des besoins en aluminium des forces alliées durant la guerre. Grâce aux baux emphytéotiques qui concèdent et encadrent l’usage de ces réservoirs, elle jouira d’un monopole régional sur les ressources hydrauliques du Saguenay qui lui permettra de devenir une multinationale de l’aluminium dans la seconde moitié du XXe siècle.

L’étude met en relief plusieurs échelles d’analyse – régionale, provinciale, continentale...

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