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  • L’Ordre de Jacques Cartier 1926–1965 : Une société secrète pour les Canadiens français catholiques
  • Gaétan Gervais
L’Ordre de Jacques Cartier 1926–1965 : Une société secrète pour les Canadiens français catholiques. Denise Robillard. [Montréal], Fides, [c 2009], 543 p. (Annexes, notes, bibliographie.) Prix 39,95 $.

Le 22 octobre 1926, une vingtaine de Canadiens français se rassemblent à Ottawa pour fonder une « société secrète », les Commandeurs de l’Ordre de Jacques Cartier (OJC), parfois appelés « pieds noirs » ou « la patente ». Héritiers idéologiques du nationalisme canadien-français qui avait vu le jour au XIXe siècle, les commandeurs caressent le grand projet d’une société catholique et française, avec « deux peuples fondateurs ».

Le siège social de l’Ordre est établi à Ottawa. Sa hiérarchie comporte deux structures parallè les, d’un côté la chancellerie située à Ottawa, et de l’autre, les commanderies locales, qui ne communiquent pas entre elles. Selon le Québec, surtout la région de Montréal, il y a trop de chanceliers franco-ontariens. Oeuvrant dans la clandestinité, mais toujours sous l’œil vigilant de la hiérarchie catholique et française d’Ottawa, l’Ordre ne reste pas indifférent aux diverses causes du Canada français et se développe rapidement. On retrouve des commanderies partout au Canada, en grande partie au Québec et en Ontario. Elles s’intéressent à toutes sortes de questions, du recrutement des membres aux évêques de langue française dans les diocèses à majorité française, et organisent même une campagne en faveur des timbres-postes bilingues.

En 1929, les 12 commanderies comptent 540 membres. La croissance est exponentielle et, en 1944, les 200 commanderies locales [End Page 585] accueillent déjà 5984 membres. En 1962, les 501 commanderies affichent maintenant 10 730 membres. L’Ordre fonctionne de 1926 à 1965 et joue un rôle important de solidarité et de concertation entre les régions du Canada français. En 1965, l’Ordre de Jacques Cartier se saborde. Certains voient dans ce naufrage une sorte de libération. Ailleurs, on parle de trahison.

Pour faire connaître davantage l’Ordre, il fallait des archives et des historiens. C’est ce que propose l’historienne Denise Robillard. Pour raconter l’histoire de l’OJC, il n’y avait qu’un petit nombre de chercheurs, mais leurs travaux ne brossaient pas toutefois un tableau complet de l’histoire de l’Ordre. Après la publication du livre de G.-Raymond Laliberté (Une société secrète : l’Ordre de Jacques Cartier, Montréal, 1983), on avait levé l’embargo sur les archives.

Au fil du temps, l’Ordre forme un réseau et se porte souvent à la défense des groupes minoritaires canadiens, leur venant en aide à l’occasion de luttes scolaires et linguistiques, mais aussi lors de nombreuses activités et de programmes variés, et il établit des contacts avec de nombreux groupes nationalistes. L’Ordre est de tous les combats.

À la dissolution de l’Ordre en 1965, on entrepose les archives, pour les ouvrir ensuite aux chercheurs. La plus grande partie des documents est acheminée au Centre de recherche en civilisation canadiennefrançaise (CRCCF). Durant les années 1980 et 1990, on assiste aux premiers travaux de recherche (livres, thèses, articles). La documentation permet de dresser un tableau détaillé de l’Ordre et de son histoire. L’un des intérêts du présent ouvrage, c’est qu’il offre une vue d’ensemble des projets qui y sont présentés. Par son envergure, ce fonds permet de brosser un tableau général de l’histoire de l’Ordre. C’est une pièce attendue pour l’étude du Canada français.

L’ouvrage comporte neuf chapitres. Les deux premiers traitent de la genèse et de la fondation de l’Ordre. Le troisième montre les premiè res activités (publication de l’Émerillon, le journal de l’Ordre), la fondation d’un « organe d’extériorisation », la « Ligue des intérêts nationaux / League of National Interests...

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