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Reviewed by:
  • Profiting the Crown: Canada's Polymer Corporation, 1942-1990
  • Jean-François Auger
Profiting the Crown: Canada's Polymer Corporation, 1942-1990. Matthew J. Bellamy. Montreal and Kingston: McGill-Queen's University Press, 2005. Pp. 304, illus., $65.00

Au cours du XXe siècle, le Canada est devenu une véritable pépinière de sociétés de la couronne dans les domaines du transport, des communications et de l'énergie. Dans cette étude monographique bien ficelée, Matthew J. Bellamy, historien à l'Université Carleton, brosse le portrait de l'une d'entre elles : la Polymer Corporation. Sur l'instigation de Clarence Decatur Howe, ministre des Approvisionnements et maître d'œuvre des sociétés de la couronne, elle devait apporter une solution à la rupture des approvisionnements en caoutchouc naturel au Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi en 1942, un vaste complexe d'usines situé à Sarnia, Ontario, débuta la production de caoutchouc synthétique fait à base de polymères. Durant la période d'après-guerre, le département de recherche et développement contribua à asseoir la réputation de la société par l'invention du caoutchouc de marque commerciale Polysar. Reconvertie en entreprise civile, la Polymer Corporation se tailla une part importante du marché européen du caoutchouc ; [End Page 129] mais, en tentant de diversifier ses activités, elle connut des ratées importantes sur le plan de la gestion. En 1990, la multinationale allemande Bayer Aktiengesellschaft, chef de file de l'industrie chimique mondiale, l'acheta sous le nom de Polysar Corporation.

Afin de donner une interprétation rigoureuse des faits, Matthew J. Bellamy a inscrit son étude dans le prolongement des travaux des économistes évolutionnistes tels Edith Penrose et Alfred Chandler. Plusieurs économistes ont réalisé des analyses sur le comportement des entreprises selon la loi de l'équilibre entre l'offre et la demande. À l'encontre de cette théorie classique, les économistes évolutionnistes tiennent compte des facteurs historiques qui modèlent la trajectoire spécifique de chaque entreprise. En obéissant à cette logique, Matthew J. Bellamy divise l'histoire de la Polymer Corporation en périodes chronologiques dans lesquelles il passe en revue une série de thèmes porteurs. Il considère les rapports entre l'entreprise et le gouvernement fédéral, les stratégies d'élargissement des marchés, les changements dans l'industrie chimique, les activités de recherche et développement. Tout compte fait, le cheminement utilisé est une façon assez courante d'écrire l'histoire d'une entreprise privée, soit la biographie.

Dans un récit concis, nuancé et rythmé, Matthew J. Bellamy croise ses sources originales avec le résultat d'études de sciences humaines et sociales. Il a consulté de nombreux documents inédits des fonds Polysar et Howe de Bibliothèque et Archives Canada. Ses sources premières ont été complétées par les délibérations de la Chambre des communes et par des articles de journaux financiers, scientifiques et politiques. En outre, Matthew J. Bellamy amène des comparaisons instructives sur les entreprises chimiques internationales (telles Bayer, DuPont et IG Farben) et les sociétés de la couronne (telles Air Canada, Énergie atomique du Canada et Pétro Canada). On trouve cependant quelques passages discutables sur l'histoire de la recherche industrielle au Canada. Par exemple, l'auteur tire une conclusion générale mais sans preuve sur la création du département de recherche et développement en 1944 : « Polymer was thus among the first Canadian firms to acknowledge that economic growth could be knowledge-based and science-driven » (p. 72). En fait en 1939, l'industrie canadienne possédait déjà 998 laboratoires et dépensait 8 903 140 $ en activités de recherche, selon le Bureau de la statistique du Dominion. Elle n'était plus à ses tous premiers balbutiements.

La lacune majeure du livre, par ailleurs si intéressant à maints égards, réside dans la prise de position politique ostensible de l'auteur. Des politiciens néoconservateurs, et à leur suite quelques historiens de l'économie, estiment que les sociétés de la...

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