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Reviewed by:
  • A Short History of Quebec
  • Martin Pâquet
A Short History of Quebec. John A. Dickinson et Brian Young. 3e édition. Montréal et Kingston, Presses de l'Université McGill-Queen's, 2002, xxvi, 238 p., illus. n&b, 75,00 $ cartonné, 27,95 $ livre de poche.

S'inscrivant dans cette tension entre le souci du juste détail et l'exigence du regard panoramique, l'art de la synthèse est difficile en soi. Il plonge l'auteur dans l'ambivalence : le choix historique pertinent, exemple explicite ou l'exhaustivité documentaire ? Sa mise en récit retentit de la double contrainte de l'appel de l'actuel et de l'intelligibilité du passé. L'art de la synthèse soumet enfin l'auteur aux critiques faciles : celles d'avoir péché par omission ou ignorance, par rapidité ou simplisme; celles de privilégier une perspective au détriment de l'autre; celles d'avoir vu trop grand ou trop petit. On comprendra sans peine l'hésitation du lecteur, conscient de la difficulté de cet art et de la pertinence de l'exercice du compte rendu, devant commenter la troisième édition de la synthèse de John Dickinson et Brian Young, A Short History of Quebec.

D'emblée, un constat. Une synthèse en histoire comprend une visée implicite. Elle cherche à présenter au lecteur un récit légitime de reconstitution globale du passé, récit pouvant devenir hégémonique dans l'espace public. D'où toute l'importance des dispositifs de vérité, dirait un Paul Ricœur, afin que ce récit n'en soit pas un de mystification. Pensons ici à l'appareillage scientifique, à la démarche problématique, aux procédés de validation des hypothèses et à la réinterprétation des conclusions au vu et au su des avancées de l'historiographie. Une synthèse est aussi un outil pédagogique, nécessitant par le fait même la mise à jour d'autres dispositifs rhétoriques, ceux assurant la communication de l'information, à l'exemple des chronologies, des cartes et des tableaux, des orientations bibliographiques pertinentes et d'une bibliographie substantielle. En consultant A Short History, une histoire qui n'est pas si brève soit dit en passant, le lecteur voit ses attentes comblées relativement aux exigences de véracité et de communication. Après cette refonte par addition, où de nouveaux éléments sont ajoutés à la matrice originelle par souci d'exhaustivité, l'ouvrage correspond fort bien aux normes du genre.

La reconstitution du passé n'est pas un acte neutre. Elle renvoie à la subjectivité de l'historien, une subjectivité en constant dialogue avec l'espace et le temps présents. A Short History offre un fascinant exemple de ce dialogue. Qui plus est, ce dialogue des deux historiens s'inscrit dans la durée, puisque la première édition date de 1988, et se fait stéréophonique, car l'ouvrage est publié en anglais aux Presses de l'Université McGill-Queen's et en français aux éditions du Septentrion. Tel un randonneur qui, du haut de son belvédère, observe les changements [End Page 808] climatiques au gré des saisons, le lecteur remarque les variations entre les versions comme autant d'indices des mutations du champ historiographique et de la subjectivité des deux historiens québécois.

Parue au moment de l'accord du lac Meech et de la suprématie de l'historiographie des « limited identities », la première édition plaidait pour une plus grande compréhension du caractère distinctif du Québec auprès d'un lectorat anglo-canadien ayant une piètre connaissance du français. Cette édition se faisait aussi critique au sujet de l'insistance apportée aux traditions idéologiques dans les synthèses en histoire québécoise. Enfin, elle se voulait une relecture de la trame historique à partir d'une nouvelle périodisation en histoire sociale, centrée sur la transition entre deux sociétés : celle du contact des univers amérindiens et européens, celle d'une société industrielle contemporaine aux idiosyncrasies particulières (A...

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