In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • La Nouvelle-France par les textes : Les cadres de vie
  • Sylvie Dépatie
La Nouvelle-France par les textes : Les cadres de vie. Marcel Trudel. Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 2003. 444 p., illus. n&b, 34,95 $.

Ce livre rassemble des transcriptions de sources relatives à l'histoire de la Nouvelle-France. Chacun des documents est précédé d'une présentation indiquant son but et son rôle, en plus de donner des explications sur la réalité dont il témoigne. On y précise également l'origine du document (référence bibliographique ou dépôt d'archives) et une ou deux suggestions de lectures supplémentaires sont proposées. Les documents vont d'un extrait d'un aveu et dénombrement à des sections de la Proclamation royale de 1763, en passant par une commission nommant un intendant, divers actes notariés (un inventaire après décès d'un bourgeois, une vente de terre, des contrats d'engagement, un contrat de mariage), des actes d'état civil, des extraits de correspondance officielle, etc. Au total, nous y dénombrons 115 textes regroupés en trois grands thèmes : la vie civile, la vie religieuse et le démembrement de la Nouvelle-France. Trudel a choisi de les présenter « à la moderne »; les tournures obscures on été révisées et l'orthographe ainsi que la ponctuation ont été corrigées.

Une très courte introduction précède le tout, esquissant d'abord l'évolution de la Nouvelle-France depuis Verrazano jusqu'à l'expansion territoriale vers l'ouest et le sud à la fin du XVIIe siècle et au début XVIIIe siècle. Trudel y aborde ensuite la pérennité de la Nouvelle-France dans la société québécoise jusqu'à la « Révolution tranquille »: paysage et pratiques agricoles, famille traditionnelle, lois civiles, importance de l'Église et de la religion catholiques, langue française et étiquette dans les rapports sociaux. « Encore au milieu du XXe siècle, la Nouvelle-France se survivait parmi nous; elle s'y survit encore » (p. 18). Le troisième sujet abordé est l'évolution de l'historiographie qui est passée d'une vision conservatrice et nationaliste, glorifiant la période, à une approche plus sociale où l'Amérindien a maintenant sa place. Pour atteindre cette Nouvelle-France, nous dit Trudel, rien de mieux que de la fréquenter par les textes d'époque. Nous reconnaissons ici la conception positiviste de l'auteur. En proposant sa sélection au lecteur, il a espoir de susciter des vocations de chercheurs. [End Page 786]

L'ouvrage s'ouvre sur la transcription de ce que Trudel nomme « la loi fondamentale »; il s'agit de l'acte pour l'établissement de la Compagnie des Cent Associés. En plaçant cet acte au tout début, Trudel fait un choix reflétant une conception ancienne de l'histoire de la Nouvelle-France : la bonne colonisation c'est la colonisation de peuplement. Ceci est d'ailleurs confirmé par son « enfin » dans la présentation de l'acte : « Dans le premier quart du XVIIe siècle, la France décide enfin d'organiser le peuplement de la Nouvelle-France » (p. 23). Cette présentation se termine, de façon classique pour Trudel, par une défense des réalisations de la compagnie au sujet du peuplement et une comparaison peu réjouissante avec la situation dans les colonies britanniques au sud. « Mais, écrit Trudel, ces 3 500 [personnes en 1663] vont constituer la souche des Canadiens du Régime français » (p. 24). Nous ne sommes pas loin ici de la conception conservatrice nationaliste présentée comme disparue quelques pages plus tôt. Avec cette présentation et la place choisie pour cet acte de création de la Compagnie des Cent Associés, le ton est lancé : la Nouvelle-France de Marcel Trudel a des relents d'une historiographie étriquée, heureusement révolue.

C'est ainsi que, dans la Nouvelle-France de Trudel, l'agriculture est « rudimentaire » et qu' « il faudra l'influence des Anglais pour la moderniser » (p. 20), comme si...

pdf

Share