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  • Le Réseau du Canada : Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662)
  • Claire Lambert
Le Réseau du Canada : Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662). Gervais Carpin. Sillery et Paris, Éditions du Septentrion et Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2001, vii-556 p., 34,95 $.

Cet ouvrage reprend l'essentiel d'une thèse de doctorat en histoire soutenue en 1999 à l'Université Laval. Il est consacré à l'étude des différents acteurs qui ont façonné le mouvement migratoire de France en Nouvelle-France entre 1627 et 1662, modelant ainsi le visage de la toute jeune colonie française outre-Atlantique durant les trente-cinq années de vie de la Compagnie de la Nouvelle France.

L'auteur s'intéresse principalement à l'ensemble des strates qui composent l'univers du recrutement, élément majeur du peuplement de la Nouvelle-France, qu'il appréhende sous l'angle d'un réseau organisé.

Le travail de Gervais Carpin s'inscrit dans une démarche alliant à la fois la macro et la micro histoire, passant des enjeux politique et économique de Richelieu et de la Compagnie de la Nouvelle France aux chemins de vie des recrutés; ces derniers sortent peu à peu de l'anonymat au fil des recherches entamées depuis un siècle et demi au Canada mais seulement depuis quelques dizaines d'années en France.

En effet, son exposé scindé en trois parties principales, à la fois thématique et chronologique, présente tout d'abord l'aspect politique du réseau à travers les décisions de Richelieu qui donneront naissance à la Compagnie des Cent-Associés. Il en observe également les membres par l'étude des liens qui les unissent, une approche qui résulte de la volonté énoncée par l'auteur de percevoir plus clairement leurs motivations. Puis il décrit le milieu des recruteurs, qu'il s'agisse d'organismes ou d'individus, puis celui des recrutés à travers 529 contrats d'engagement passés à La Rochelle, le port d'embarquement, mais aussi dans le bourg percheron de Tourouvre, exemple d'un recrutement in situ.

L'auteur distingue donc dans ce réseau des membres œuvrant du Louvre par l'entremise du cardinal, aux ports de La Rochelle et de Dieppe en passant par la région du Perche et de la Flèche. Et c'est à l'intérieur de ces espaces géographiques où évoluent les agents recruteurs et les futurs émigrants, que l'on découvre ces hommes qui vont fournir des bras à la vallée du Saint-Laurent et à l'Acadie.

Il peut ainsi mettre en évidence les mécanismes et les limites, essentiellement politiques et financières, d'un système qui a conduit plusieurs milliers d'hommes à quitter la métropole, reconstituant de cette façon les conditions du départ outre-Atlantique pour mieux comprendre le mode [End Page 585] migratoire - une migration qui s'effectuait souvent seulement pour le nombre d'années prévu dans leur contrat d'engagement.

Ce livre, riche, ne revisite pas simplement des sources déjà connues depuis les années 1960 grâce aux travaux de Gabriel Debien et de Françoise Montagne à partir des contrats d'engagements rédigés à La Rochelle et à Tourouvre. Il en effectue l'analyse sous un éclairage nouveau et offre des éléments de réflexion précieux à quiconque veut comprendre le mode de peuplement de cette colonie qui n'en est alors qu'à ses premiers pas.

Ainsi, on ne doit pas déplorer l'absence de recherches dans la masse dormante des sources françaises d'Ancien régime. Même si une démarche prosopographique eut été captivante, cet ouvrage n'aurait peut-être jamais vu le jour tant la tâche se serait avérée ardue. Alors que tant d'historiens, professionnels ou amateurs, sont attachés au caractère inédit des archives qu'ils débusquent, l'étude de Gervais Carpin rappelle encore une fois tout ce que des sources depuis longtemps exhumées peuvent apporter à l'histoire sur la...

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