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  • Femme blanche au pur dehors*
  • Joël Des Rosiers (bio)

quelque lueur au sud de la langues’allonger dans l’équinoxeun ébat dans la rumeurau minuit de septembre languir dans le rien

vers la crue des origines les Indes orphelinesde mon songe soleil cou coupél’Irlande des poètes apatridesen attendant le seul fin des heuresla seule fin de soi

c’est l’antichambre du silencey s’effondre la languedepuis mon âge

bruire au bord de la néantisesur l’étrave de la plus haute tornadesans île ni reposle flot déborde de nos corps-mêmesnous chavirons sous la féerie du fleuvela nuit à peine troublée de l’odyssée des choses

au passageveille l’oratoire pour lui seulpeut-être sur les noyades et les siècles innommablesoù flottent d’anciennes croyances et des rêves indiens

si funèbres les remousl’aboi des chiens guide nos brassessous la ruée d’eaux natives [End Page 18]

quel vent de vivre nous détourne de la langueabolie         tout un peuple se déditquel vent de vivre accomplit l’ironie de l’ancêtre

quitter le bord du monde pour l’invisible amontle fétiche de la race pour la langue dénudée

écrire toutes ces chosessur la bouche encor humide des mortssaisis d’effroi à l’approche de nos baisers

nos corps soudain en dérade parmi des masques nègresâmes d’acajou bramées sous des ligatures de cuivrenus comme une humanité impuresi pure dans l’acméque seuls auraient rêvé les morts

il y a la cendre sur nos plaieset la foudre sur nos peaux

combien de marées nous ont vus surgirpuis périr pour un pays qui n’eut pas lieu

il y a la chaux sur nos mainsle fer à nos pieds encore

luisance dans de loinles peaux flamboient sous la chauxcomme un díctame la nuit sur la douleurle vétiver jusqu’à nos plis

et la douleurvint d’un succube aux seins lentsle cœur estropié d’entre mes lombes

sur les falaises de rienseule la femme blanche dortau pur dehors             sous le pesant de la nuitjusqu’aux décombres

qu’ainsi la langue atteste le délired’un tombeau en son nomassez             assez m’écriai-je [End Page 20]

parents d’îles     négresses de terre anciennevos faciès d’asiatesderrière la lueur du cachimbo     ainsi vouscohortes d’arrière-pays     peuple de paroledans le dépris de la lettre

comme vous m’êtes dolents

après que dans la clameur l’ancêtre eut dévoréle crâne     le sexe     la peau de l’amante

nègres à moi encolérés du venin d’hibiscusnégresses guérisseuses des nostalgiestoutes à votre psalmodie de négressesérigerez-vous sur les rampes du siècleun échafaud pour l’amour gigantesque

la demi-lune dans nos mains au bord du styxjusqu’au jour rétif qui devant le forfaitdécline sous tes paupières

il pleut des fièvres plénièresau plus secret du sangpoint sa moire dans les veines et les calesle fol atlantique sur les voieries de traitene suffira à l’encre du chagrin

de quel baiser d’esclave s’honorent les salinesquelque frayeur à décompter les erresde l’océan à lîle     feu aux racinesen nous au lieu du suppliceparmi l’incendie à entailler la pierredu goût subit de la noblesse

notre lit est blessé où nous ne dormonsparmi les jarres les sépulcres les ortiesles sauriens vont se hisser des embasestelle la sarabande de vouivreslapider le déliceternir de bave le repentir des amants [End Page 22]

nous jouîmes comme des chiens crusaux âmes d’antan         aux eaux béantesqui s’en sauvent sur les grèvesaux trembles à genoux contre de lents palmistesd’un règne exquis sur la...

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