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  • Le concept organisateur de Baraka; entre thérapie et herméneutique dans les traditions ethnomédicales marocaines by Abdelwahed Mekki-Berrada
  • Louise Chartrand
Abdelwahed Mekki-Berrada: Le concept organisateur de Baraka; entre thérapie et herméneutique dans les traditions ethnomédicales marocaines, Québec : Presses de l’Université Laval, 2013, 172 pages.

Cette recherche anthropologique à méthodologie double, soit analyse de corpus ancien et ethnographie à Casablanca et à Fez, a pour but « d’explorer les interactions dynamiques qui se tissent entre pensée ethnomédicale, action ethnothérapeutique et pensée symbolique dans le Maroc urbain » (p. 1). Étant donné que l’auteur nous indique qu’il aime commencer ses publications par leurs titres, nous allons faire de même. L’œuvre qui sera au centre de notre discussion s’intitule « Le concept organisateur de baraka : entre thérapie et herméneutique dans les traditions ethnomédicales marocaines ». Afin d’orienter le lecteur, Mekki-Berrada explique que les cinq concepts initiaux soient baraka, tradition, ethnomédecine, herméneutique et thérapie sont appréhendés comme étant des colonnes à bases rhizomiques. Dis autrement, il s’agit de concepts dé-pourvus de commencements et de fins. Il n’existe par consé-quent qu’un centre dont les frontières sont mobiles. Pour entrer à l’intérieur de ces rhizomes, l’auteur consacre le reste de l’introduction à définir les concepts de tradition, d’ethnomédecine, d’herméneutique et de thérapie pour par la suite consacrer les deux chapitres subséquents au concept de baraka. [End Page 247]

Dans le premier chapitre, à partir d’une analyse de corpus ancien, l’auteur expose son approche théorique, fort intéressante, pour mieux comprendre les traditions ainsi que le système herméneutique au Maroc. Inspiré par les trois dimensions épistémologiques de Foucault (1966)1, Mekki-Berrada explique que « les traditions ethnomédicales contemporaines en terre d’Islam en général et au Maroc [en particulier] sont des systèmes herméneutiques qui s’insèrent dans les interstices d’un “trièdre épistémologique” dont les trois plans s’articulent et se chevauchent » (p. 30). Pour expliciter son propos, l’auteur nous offre une représentation schématique ou trois triangles sont superposés. à la base de ce trièdre, nous retrouvons le concept de baraka, au-dessus de celui-ci, la médecine du prophète et finalement vient la médecine humorale. D’où le fait que le concept de baraka soit défini par l’auteur comme base fondamentale de toute ethnomédecine et ethnopsychiatrie marocaine.

Alors qu’est-ce que la baraka? Il s’agit d’une forme de présence spirituelle, à savoir une grâce divine qui est à l’intérieur d’une circulation cosmique touchant autant les humains que les non humains. Or une des particularités de l’humain est sa responsabilité. En effet, il revient à l’humain de faire le lien et le « transit entre la baraka de l’être vers toute forme de vie » (p. 32). Il est donc possible pour l’humain de faire des rituels afin d’améliorer, de nettoyer ainsi que de guérir sa baraka. L’espace ethnomédicinal est également fortement influencé par deux autres facteurs qui ont subi un métissage, continue Mekki-Berrada, à savoir la médecine du prophète qui a vu le jour au VIIe siècle et celle de la médecine humorale, qui est apparue au XVe siècle. La première réfère aux enseignements de caractère médicaux qui ont été transcrits sous forme d’ahadith. Tandis que la médecine humorale renvoie à la théorie de Galien qui repose sur la notion des quatre éléments2 associés aux quatre humeurs3, quatre qualités4, trois âmes5, trois pneumas6, diverses facultés7, la chaleur interne8 et finalement quatre organes9. Afin de démontrer l’ancrage empirique du trièdre épistémologique ainsi présenté, Mekki-Berrada nous présente une recherche ethnographique qu’il dit avoir menée à Casablanca et à Fez, mais ce sans préciser quand et pour combien de...

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