The Assertion of Rights to Agro-pastoral Land in North Cameroon: A Cascade to Violence? (review)

Publié dans la série Research Reports de African Studies Centre (Université de Leiden en Hollande), l'ouvrage de Ruth Noorduyn aborde, de manière interrogative, la thématique de la sécurité environnementale dans la partie septentrionale du Cameroun.

Fruit d'un travail académique, remarquable du reste de par sa structuration, l'abondance et la diversité de l'appareil critique, le travail que commet Ruth Noordyun revient sur l'épistémologie des études environnementales en vérifiant l'opérationnalité d'une telle approche au plan local. Dans leur développement et leur interaction avec les réalités écologiques trans-locales dans l'Extrême-Nord du Cameroun, les concepts de l'insécurité environnementale, de la violence ou du conflit foncier prennent, dès lors, une connotation nettement édulcorée, atténuant et contredisant par endroits, leur théorisation. A partir des recherches pluridisciplinaires menées dans trois sites écologiques (Kolara-Kobo, Diamaré; Baba ,Deli; Kubadje-Jiksa, Mayo Tsanaga) sensiblement homogènes dans l'Extrême-Nord du Cameroun entre 2001 et 2004, l'auteur invite à comprendre les sources des conflits nés du rapport à la terre et de la violence éventuelle engendrée par des différends agro-pastoraux.

Construite autour de cette problématique centrale, l'œuvre entreprend de définir les deux concepts clés que sont l'environnement et la sécurité, avant que de concevoir sa propre formule schématique pour servir de guide à la compréhension "par le bas" de différentes sources écologiques de la violence. Puis, elle élabore une méthodologique conséquente, une approche spécifique qui éclaire et renseigne tout à la fois sur le choix des zones d'études. Les difficultés ne manquent pas pour mener à terme une telle recherche sur un "terrain" aussi complexe, divers et pluriel. Loin de se laisser découragée par les écueils qui se dressent sur son chemin, l'auteur s'immerge littéralement dans cet environnement en émergeant pétrie d'expériences. Le séjour sur le terrain d'études lui est doublement enrichissant. D'une part, il lui permet de vérifier la pertinence et l'applicabilité de sa propre formule sur le terrain et, d'autre part, de s'assurer de l'utilité de sa démarche et de la fonctionnalité de ses recherches sur la sécurité et la violence environnementales.

Alliant admirablement théories sociales et recherches sur le terrain, le travail de Ruth Noorduyn revêt ainsi un double intérêt : celui d'explorer des domaines jusque-là inconnus en articulant, par ricochet, de nouvelles interrogations à l'endroit des notions (caduques?) sur la sécurité environnementale; et celui de mettre à la disposition du public des régions sahéliennes des outils indispensables à la compréhension des sources endogènes de violence dans l'Extrême-Nord du Cameroun. C'est un travail documenté et bien fouillé qui fait incontestablement œuvre utile, au-delà de sa richesse scientifique et de la pertinence de la problématique abordée.

Hormis quelques petites erreurs d'orthographe sur les patronymes d'un auteur (Fisiiy? 81), les recherches de terrain contenues dans cet ouvrage sont d'une grande qualité. Elles offrent un tableau synthétique et vivant de la réalité écologique permettant la compréhension des origines et la nature de la violence environnementale au Nord-Cameroun. On formulerait volontiers le vœu de voir un tel document traduit en français afin de le rendre accessible au public francophone et, plus particulièrement, à ses principaux acteurs que sont les populations concernées.