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Reviewed by:
  • Making Kedjom Medecine: A History of Public Health and Well-Being in Cameroon
  • Hamadou Adama
Kent Maynard . Making Kedjom Medecine: A History of Public Health and Well-Being in Cameroon. Westport, Conn.: Praeger Publishers, 2004. xxiv + 408 pp. Glossary. Bibliography. Index. $63.95. Cloth.

L'ouvrage de Kent Maynard sur le concept de la médecine à Kedjom (Cameroun) explore une thématique et un univers qui intéressent de plus en plus les chercheurs en sciences sociales. Il va de soi que la réalisation d'une œuvre aussi intense et aussi riche fait appel à des compétences en médecine, en psychologie, en histoire et en linguistique, entre autres. C'est dire tout le mérite qu'on est en droit d'accorder à ce formidable travail d'investigation, de regards croisés, d'ouverture et de dialogue culturel.

Fruit d'une rencontre fortuite qui va au-delà de cette "disjonction statique" contre laquelle Bogumil Jewsiewicki ("Pour un pluralisme épistémologique en sciences sociales," Annales, Histoire, Sciences Sociales 56 [2001]: 625–42) nous met en garde, l'étude consacrée à la genèse de la médecine en pays Nso donne là un précieux prétexte pour explorer l'histoire de la thérapie et du savoir thérapeutique en rapport avec les interrogations que génèrent la conception de la santé publique et la recherche du bien-être collectif. Le livre va en réalité au-delà du pays Kedjom pour tenter une étude comparative des techniques et pratiques médicales et paramédicales entre le Cameroun anglophone, le Nigéria et les États-unis.

L'ouvrage se décline en huit chapitres d'égale longueur. L'une des particularités de la médecine dite traditionnelle, précise Maynard d'entrée de jeu, est sa nature profondément altruiste et son caractère aussi bien personnel que communautaire. Cette médecine-là se veut "totale" et demeure imperméable au profane, à l'étranger. Ses mutations ultérieures, sa dérivation vers la biomédecine ou sa médication au contact avec les auxiliaires de la colonisation d'origine européenne et de confession chrétienne altèrent profondément les modes d'échanges en privilégiant la recherche individuelle du gain au détriment du bien-être collectif. La déconnexion progressive entre l'individuel et le collectif dans la recherche du bien-être à Kedjom conduit certes les acteurs et détenteurs du savoir médical à une ré-invention de la modernité pour évoluer dans la nouvel environnement en gestation, mais elle créé tout autant de nouveaux contextes permettant l'émergence d'un nouveau corps de métier tirant sa légitimité d'une synthèse entre le passé et le présent dans une démarche fonctionnaliste et mercantile. C'est ainsi qu'on a pu assister au recyclage et la privatisation de la cosmologie endogène et des principes thérapeutiques. À l'inverse, pour être validée, la richesse générée par des individus du fait de la privatisation de l'univers médical Kedjom doit être convertie en prestige, par de procédés d'échanges rituels, pour se départir de sa suspicion potentiellement maléfique afin d'acquérir des charges bénéfiques pour le bien-être de la communauté. [End Page 189]

Parallèlement, les aspects moraux de la pratique traditionnelle de cette médicine, sa définition et sa compréhension communautaire et individuelle au plan local ainsi que sa fonctionnalité et sa participation au bien-être de tous et de chacun par le biais de l'étiopathie sont aussi restitués dans une perspective historique qui en dit long sur ses rapports avec les administrations coloniales allemande et britannique depuis la fin du dix-neuvième siècle jusqu'au début des années 1960. Les relations entre patients et tradi-praticiens illustrent alors, par endroits, toute la dialectique d'une recherche thérapeutique.

L'impact de la présence européenne influence tout autant la forme et les pratiques médicales dans toute la région, bien que les préoccupations des uns et des autres ne soient pas toujours...

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