Abstract

To fight boredom, un(der)employed young men in Niger have joined fadas (youth clubs) where they listen to music, play card games and strike up new friendships - or nurture old ones. Membership in these organizations cuts across social divides, educational backgrounds and religious affiliations, affirming the spirit of egalitarianism and comradeship that drives these largely urban projects. At the fada, conversation routinely takes place around the making and sharing of tea, a ritual idle young men have come to value greatly as they struggle to fill their days with purpose and direction. Whereas elders largely condemn fadas as futile, self-indulgent, and occasionally criminal endeavours, samari (young men) defend their pastimes, claiming that they engage in meaningful activities. In this essay I explore the temporalities of teatime at the fada. Rather than focus on what is lost under conditions of crisis and privation, I consider instead what is produced, and in particular how value, exchange, and affect emerge in the context of daily routines at the fada. In the absence of other temporal markers punctuating daily life, the practice of preparing and consuming tea becomes a key happening, enabling samari to carve out meaningful temporalities and reconfigure their relation to the future.

Pour combattre l'ennui, les jeunes nigériens sans emploi (ou en situation de sousemploi) s'impliquent dans des clubs de jeunesse (fadas) où ils jouent de la musique, jouent aux cartes et lient de nouvelles amitiés ou entretiennent d'anciennes. La composition des membres de ces organisations transcende les clivages sociaux, les parcours scolaires et les affiliations religieuses, affirmant l'esprit d'égalitarisme et de camaraderie qui anime ces projets essentiellement urbains. À la fada, la conversation s'engage ordinairement autour d'une tasse de thé, dont la préparation et la consommation en commun constituent un rituel fort apprécié de jeunes inactifs qui tentent de mettre du sens dans leur vie quotidienne. Face aux réprobations d'une majorité d'anciens qui voient dans les fadas une occupation futile, complaisante voire criminelle, les samari (jeunes hommes) défendent leur passe-temps en soutenant qu'ils s'adonnent à des activités utiles. Dans cet essai, l'auteur explore les temporalités du rituel du thé à la fada. Plutôt que de mettre en exergue les aspects pénalisants des conditions de crise et de privation, l'auteur s'intéresse à ce qui en sort, et notamment l'émergence des notions de valeur, d'échange et d'affect dans le contexte des activités quotidiennes à la fada. En l'absence d'autres repères de temps pour ponctuer la vie quotidienne, la pratique de la préparation et de la consommation de thé devient un événement important qui permet aux samari de créer des temporalités porteuses de sens et de reconfigurer leur rapport au futur.

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