In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

LES PROBLEMES POSES PAR L'EDITION CRITIQUE DES REPORTATIONS Les reportations médiévales constituent un "genre littéraire" tout à fait spécifique.1 Ce sont des notes d'auditeurs qui ont été prises lors d'un cours ou d'un sermon. Dans la plupart des cas, ces reportations sont les seuls vestiges qui nous sont parvenus de l'enseignement d'un professeur ou de la prédication d'un maître. C'est dire leur importance. L'édition critique des reportations implique une méthode tout à fait spécifique. En effet, nous sommes en présence de textes "vivants" pris sur le vif. De plus, ils ne sont jamais de la main de l'auteur; ce sont donc des textes à l'état second qui sont l'oeuvre d'intermédiaires plus ou moins fidèles, plus ou moins dignes de confiance. Parfois, nous possédons deux ou plusieurs versions d'un même enseignement dus à des auditeurs différents, mais dans la grande majorité des cas, il ne nous reste qu'une seule reportation anonyme. Le problème se pose alors de savoir comment éditer ces textes de manière satisfaisante. Avant d'aborder ce genre d'édition critique et avant d'essayer de mettre au point une méthode qui prenne en consid ération les problèmes inhérents aux reportations, il convient de faire un état de la question et de bénéficier de l'expérience des éditeurs précédents. L'enquête qu'on peut mener à ce sujet est très décevante. En effet , on constate d'abord que le genre littéraire de la reportation a été peu étudié. Dans un premier temps, les médiévistes ont voulu mon1 Nous avons consacré une étude détaillée au "genre littéraire" de la reportation dans l'introduction de la nouvelle édition des Collationes de septem donis Spiritus sancti de saint Bonaventure. Ce volume est sous presse dans la collection Philosophes médiévaux, publiée à Louvain-la-Neuve parmi les Publications de l'Institut Supérieur de Philosophie de l'Université Catholique de Louvain. ??8JACQUELINE HAMESSE trer l'intérêt des textes transmis par l'intermédiaire de ces notes d'auditeurs. Leurs préoccupations étaient plutôt d'ordre doctrinal ou historique. Une reportation nouvelle découverte dans un manuscrit permettait soit de mieux connaître les oeuvres de tel ou tel auteur, soit de trancher un point de doctrine controversé, soit encore de préciser certains repères chronologiques. Ce n'est que plus tard que l'on a songé à éditer ces textes. Faut-il rappeler que des oeuvres importantes d'auteurs marquants du moyen âge nous ont été transmises uniquement par l'intermédiaire de reportations. On n'a généralement pas conscience de l'ampleur de ce phénomène. Lorsqu'on parcourt les préfaces des éditions de reportations qui ont déjà été réalisées, on se rend compte que dans la plupart des cas les éditeurs ont passé sous silence l'aspect méthodologique de la question. Il semble bien que jusqu'à ce jour, personne n'ait vraiment mis au point une méthode qui prenne en consid ération les problèmes spécifiques posés par les reportations. Il est donc indispensable de s'intéresser à ces questions méthodologiques et de proposer une série de principes à suivre pour l'édition de ces textes. Ces principes varieront suivant la situation face à laquelle on se trouve: édition basée sur une ou plusieurs reportations, une même reportation conservée dans ou ou plusieurs manuscrits etc. Notre exposé tentera de répondre à l'ensemble de la problématique qui vient d'être posée. Dans la première partie, après avoir fait un examen des publications qui abordent ce sujet, nous essaierons de dégager les lignes directrices qui ont été suivies jusqu'à ce jour pour l'élaboration des éditions critiques de reportations. Dans la seconde partie, nous dresserons une liste des différents types d'éditions possibles , suivant qu'on a affaire à une ou plusieurs reportations. Dans chaque cas, nous proposerons une série de principes qui...

pdf

Share