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15 2 Savoirs Endogenes Et Defis De La Modernite Scientifique: Reflexions D’un Archeologue Obarè Bagodo Université d’Abomey-Calavi Introduction1 En 1994, il est publié dans la Serle des livres du CODESRIA un ouvrage collectif intitule Les savoirs endogènes. Pistes pour une recherche (Hountondji et al.,1994). Le livre émane d’un séminaire de recherche sur le thème Les savoirs « traditionnels », organise à Cotonou en 1987/88 a l’intention des étudiants de la maitrise de philosophie et de la maitrise de sociologie de l’Université nationale du Benin (l’actuelle Université d’Abomey-Calavi). Outre les séances ordinaires réservées aux étudiants inscrits, le séminaire comportait des « séances ouvertes » auxquelles ont, anticipé d’autres étudiants, ainsi que des enseignants et chercheurs de divers horizons. Onze des treize chapitres de’ l’ouvrage sont issus de ces «séances ouvertes » (Hountondji, 1994: 13). Du thème initial du séminaire au titre final du livre, les débats ont amené le groupe de discussion (i) à reconnaitre que l’adjectif “traditionnel” même mis entre guillemets reste inadéquat voire dépréciatif, et (ii) a lui préférer l’épithète “endogène” au motif que : (…) l’adjectif traditionnel n’est innocent qu’en apparence. Spontanément utilise par opposition à « moderne », il véhicule l’idée obscure d’une coupure radicale entre l’ancien et le nouveau. Il fige ainsi l’ancien à un tableau statique, uniforme, sans histoire et sans profondeur, ou tous les points paraissent 1 J’adresse mes sincères remerciements (i) a M. Paulin J. Hountondji pour m’avoir encouragé à prendre à part à ce débat fécond, (ii) a MM. Norbert Hounkonnou (physicien), Cyprien Gnanvo (mathématicien) et Abel Afouda (physicien), (iii) enfin amés collègues Alexis Adande (archéologue), Vincent Ayena (Philosophe) et Gervais Kissezounon (Philosophe), pour avoir tous lu le manuscrit initial et fait des commentaires appropries. 16 rigoureusement contemporains, en réservant à l’ordre nouveau le prestige (...) du changement, bref de l’historicité (Hountondji, 1994: 13). Or voici qu’en 2006, le même auteur lance un colloque sur le thème Savoirs traditionnels et science moderne. L’argumentaire du colloque utilise indifféremment les termes “ savoirs traditionnels”, “endogènes” et “ancestraux”. La « piste » endogène de « recherche» suivie de 1988 à 1994 se serait-elle révélée fausse? Et si oui, la marche arrière qui en découle peut-elle rester implicite, ou doit-elle être explicitement justifiée ? La présente communication s’en tient de préférence à l’épithète « endogène ». Celle-ci permet, mieux que l’adjectif « traditionnel », de montrer comment les “savoirs” et “savoir-faire” de l’Afrique contemporaine sont des systèmes cognitifs et technologiques cumulatifs et continument recycles. De ce point de vue, l’antinomie généralement admise entre ces “savoirs endogènes” et la “science moderne” est soumise à un questionnement d’archéologue, Plutôt que de parler de “science moderne” stricto sensu, on retient l’idée englobant de “modernité scientifique” qui implique à la fois l’état de la science contemporaine lato sensu, l’usage qu’on en fait et le jugement de valeur qui en découle. En effet, des savoirs et savoir-faire endogènes constitues parfois depuis des siècles ou des millénaires ont souvent pose et posent encore des problèmes heuristiques, gnoséologiques et expérimentaux que la “science moderne” a encore du mal à résoudre, Outre les exemples cibles et exposes dans Les savoirs endogènes, et qui sont empruntes a des disciplines telles que la pharmacopée et l’arithmétique, ailleurs sont interpellées d’autres disciplines : l’agronomie, l’architecture, l’astrophysique, l’aéronautique, la physique relativiste ou quantique, la biologie moléculaire etc. (Reeves et al., 1996; Sertima et al., 1984; Diop, 1981 : 293-477 ; Obenga, 1996 : 149-186). La réflexion porte sur l’Afrique subsaharienne au XXIe siècle. Le débat ainsi ouvert ne vise pas simplement à établir un bilan pour la délectation intellectuelle. L’enjeu véritable, c’est la survie de peuples jadis créateurs et féconds mais devenus aujourd’hui aliènes, extravertis,« affames » et marginalises. L’argumentation part d’une relativisation épistémologique de l’antinomie usuelle entre les traditions de savoirs [3.145.111.183] Project MUSE (2024-04-25 00:40 GMT) 17 africaines ou “non-occidentales” et les traditions constitutives de la science moderne, pour déboucher...

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